Soutiens aux entreprises, aide aux plus pauvres, prime aux soignants: les députés doivent voter vendredi un budget aux dépenses considérablement alourdies pour affronter le tempête économique et sociale provoquée par la pandémie de coronvarius, dont le bilan frôle les 18.000 morts en France.
Le coronavirus a provoqué depuis début mars 11.060 décès à l’hôpital et 6.860 dans les Ehpad et autres établissements médico-sociaux (où sont désormais recensés près de 40 % des morts), sans compter les décès à domicile.
Lueurs d’espoir, après le nombre des patients en réanimation qui continue de baisser depuis le 9 avril (-209 en 24 heures jeudi soir), c’est le nombre total de personnes hospitalisées pour le Covid-19 qui décroît pour le deuxième jour consécutif, à 31.305 (-474).
De « légères baisses », qui indiquent que « la circulation du virus se stabilise à un niveau élevé », a souligné le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, en appelant à ne pas relâcher les efforts, notamment concernant le confinement prévu pour rester complet jusqu’au 11 mai.
Après celui de la fin mars, le second projet de loi de finances rectificative (PLFR) débattu vendredi par l’Assemblée nationale, et qui ira ensuite au Sénat mardi 21 avril, prend en compte l’enveloppe globale de 110 milliards d’euros annoncée par le gouvernement face à « l’urgence économique ». Il prévoit un recul de 8 % du Produit intérieur brut (PIB) en 2020, un déficit public d’environ 9 % du PIB et une dette à 115 %.
Face à la crise, « ce qui compte, c’est que personne, aucun territoire de la République ne soit laissé de côté », a insisté le rapporteur général du budget, Laurent Saint-Martin (LREM), jeudi en commission.
Ce budget porte notamment à 24 milliards d’euros les crédits destinés à financer le chômage partiel — qui concerne désormais plus d’un salarié sur trois –, dont un tiers pris en charge par l’Unedic.
« Sentiment d’injustice »
Il hisse aussi à 7 milliards d’euros le fonds de solidarité en faveur des très petites entreprises et des indépendants, qui peuvent accéder à une aide de 1.500 euros mensuelle dès 50 % de perte de chiffre d’affaires, et plus 70 % comme auparavant.
Le gouvernement met également à disposition 20 milliards d’euros pour recapitaliser des entreprises en difficulté.
Ce projet de loi comprend aussi une « avance remboursable » pour les PME qui n’obtiennent pas de prêt, ainsi qu’un fonds de soutien aux entreprises de taille intermédiaire d’un milliard d’euros.
Enfin, il tient compte de la prime exceptionnelle de 500 à 1.500 euros destinée aux soignants. Et intègre l’aide aux ménages les plus modestes (bénéficiaires des minimas sociaux) de 150 euros, plus 100 euros par enfant, annoncée par l’exécutif mercredi.
En commission des finances jeudi, les députés n’ont adopté qu’un amendement significatif: celui du rapporteur Laurent Saint-Martin pour baisser la TVA à 5,5 % sur la vente des masques de protection, afin de les rendre plus accessibles.
– Qui va payer ?
Au-delà de ce budget rectifié, la question du « qui va payer » commence à agiter la classe politique.
Insoumis, communistes et socialistes réclament à l’unisson le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF).
Interpellé par LFI en commission, Laurent Saint-Martin (LREM) a riposté que l’on « ne répond pas à la tempête par des dispositifs fiscaux ».
A côté du travail parlementaire, le gouvernement a demandé jeudi aux propriétaires de parcs immobiliers de ne pas percevoir pendant trois mois les loyers dus par les très petites entreprises obligées de cesser leur activité pour endiguer l’épidémie.
Cette éventuelle reprise d’activité dans moins de quatre semaines apporte son lot de polémiques, comme celle liée à l’annonce de la réouverture des crèches et établissements scolaires, à l’exception de l’enseignement supérieur.
Plusieurs élus locaux se refusent à rouvrir les écoles à cette date, jugeant cette décision « déraisonnable ».
Après le 11 mai, près de 18 millions de personnes à risque, souffrant de maladies chroniques ou tout simplement âgées, devront rester confinées, a souligné devant le Sénat le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy.
Sur le front géopolitique de la pandémie, le président Emmanuel Macron a estimé qu’il existait des zones d’ombre dans la gestion du Covid-19 par la Chine où a commencé la pandémie, déclarant au Financial Times qu’il y avait « manifestement des choses qui se sont passées qu’on ne sait pas ».
Les réserves du chef de l’Etat sur la gestion de la crise par Pékin rejoignent les doutes exprimés par Londres et Washington.