Coronavirus: l’Amérique latine continue de souffrir, l’Europe s’ouvre
L’Amérique latine subit toujours de plein fouet la pandémie de coronavirus, avec un nouveau record de morts quotidiens au Brésil, à l’opposé de l’Europe où les frontières continuent à rouvrir progressivement, comme en Autriche jeudi.
La Banque centrale européenne (BCE) devrait renforcer jeudi son arsenal de soutien à l’économie, en allant bien au-delà des mesures d’urgence dégainées en mars, tant l’impact du nouveau coronavirus promet de se faire sentir encore plusieurs années, entre récession et explosion de l’endettement public. Mercredi, c’est l’Allemagne qui avait annoncé un plan de relance historique de 130 milliards d’euros sur deux ans.
Nouvel épicentre de la pandémie de Covid-19, le Brésil a enregistré 1.349 morts du coronavirus en 24 heures mercredi, un nouveau record pour ce pays, le plus touché en Amérique latine. Un couvre-feu a été imposé dans une vingtaine de localités de l’Etat de Bahia (Nord-est).
« Si nous n’agissons pas, nous risquons d’assister à une explosion de la demande de lits en soins intensifs et nous ne pourrons pas y répondre », a prévenu le gouverneur de l’Etat de Bahia, Rui Costa.
Le Brésil a déjà officiellement enregistré 32.548 morts, ce qui situe le géant latino-américain à la quatrième place mondiale pour les morts, derrière les Etats-Unis – qui restent de loin le pays le plus durement frappé avec 107.000 morts – le Royaume-Uni (39.728) et l’Italie (33.530).
Mexique : 1.000 morts par jour
Le Mexique a de son côté franchi mercredi la barre des 1.000 morts en 24 heures, pour la première fois depuis le début de l’épidémie. Le bilan total y dépasse les 11.000 décès.
Au total, la pandémie de Covid-19 a tué plus de 382.000 personnes sur la planète depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi mercredi par l’AFP à partir de sources officielles.
Au Chili, autre pays d’Amérique du Sud frappé de plein fouet par l’épidémie, les autorités ont décidé de prolonger pour une quatrième semaine le confinement à Santiago.
En Europe, où les chiffres sont de plus en plus rassurants, laissant espérer que le pire soit passé, la vie reprend peu à peu ses droits. L’Autriche rouvre jeudi ses frontières, à l’exception de celle avec l’Italie. L’Allemagne et la Belgique prévoient de faire de même le 15 juin.
L’Italie, où le secteur touristique est vital, a devancé tout le monde en rouvrant ses frontières aux touristes dès mercredi. « Benvenuti in Italia », le message était clair: « il y a de l’enthousiasme dans l’air », s’est exclamé le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte.
« Replacer la nature au centre «
A Rome, au pied de la Fontaine de Trévi, un couple de jeunes mariés profitait mercredi du peu d’affluence pour prendre la pose. « Il faut savourer ces moments », dit le mari: « à Rome, c’est rare ! ».
Mais la ville italienne de Gorizia reste coupée de sa jumelle slovène Nova Gorica, où une clôture installée à la hâte en mars pour freiner la pandémie, reste le un symbole amer du retour des frontières entre les deux pays: les habitants en sont réduits à échanger des nouvelles de part et d’autre du grillage.
Si les Slovènes peuvent se rendre librement en Italie, les Italiens – dont le pays a été un épicentre de la pandémie – sont toujours persona non grata en Slovénie.
Au Royaume-Uni, le prince Charles, héritier de la couronne britannique, a estimé jeudi « avoir eu de la chance » de ne souffrir que légèrement du nouveau coronavirus, une expérience qui l’a rendu encore plus « déterminé » à oeuvrer pour replacer la nature « au centre de tout ce que nous faisons et au centre de notre économie ».
Polémique sur l’hydroxychloroquine
Agé de 71 ans, le fils aîné de la reine Elizabeth II avait été testé positif au nouveau coronavirus en mars mais n’a souffert que de légers symptômes. Il a guéri après s’être isolé durant sept jours, conformément aux directives officielles.
Quatre pays européens, la France, l’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas, ont décidé de conjuguer leurs efforts pour trouver un vaccin au moment où la polémique sur les vertus thérapeutiques de l’hydroxychloroquine a une nouvelle fois rebondi.
Prendre ce médicament, peu de temps après avoir été exposé au Covid-19, ne permet a priori pas de prévenir une infection, affirment des chercheurs aux Etats-Unis à la suite d’un essai clinique.
De quoi relancer un débat, ouvert quasiment depuis le début de l’épidémie, sur les vertus présumées de ce médicament dérivé d’un antipaludique. A la suite d’un mea culpa de la revue The Lancet, qui a publié une étude très critique sur l’hydroxychloroquine, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait ainsi annoncé mercredi la reprise des essais cliniques sur ce médicament.