Commerce : accalmie entre la Chine et les Etats-Unis

Un calme aussi soudain que la tempête avait été brutale: après s’être accablés réciproquement de droits de douane et de reproches vendredi, la Chine et les Etats-Unis ont repris lundi le chemin de la négociation.

"Nous avons des négociations très significatives, qui n’ont jamais été aussi significatives", a assuré le président américain, Donald Trump, depuis Biarritz, lors du sommet du G7.

"Les Chinois veulent un accord (…) Je pense qu’on va en trouver un (…) Je ne pense pas qu’ils (les Chinois) aient le choix", a-t-il lancé, laissant espérer un répit dans un bras de fer qui pourrait faire dérailler pour de bon une économie mondiale en plein ralentissement.

De son côté, le principal négociateur chinois, Liu He, a assuré que Pékin était prêt à "résoudre calmement le problème par des consultations et la coopération".

"Nous sommes résolument opposés à l’escalade de la guerre commerciale", a ajouté M. Liu, cité par la presse financière.

Les marchés financiers ont applaudi ce regain d’optimisme lundi à travers le monde: à Wall Street, l’indice Dow Jones a pris 1,05 % et le Nasdaq 1,32 % à la clôture, et les Bourses européennes ont avancé à la fermeture un peu plus tôt.

Dans ce climat d’apaisement, la dégringolade du yuan à la clôture face au dollar à 7,1512 yuans pour un dollar, une évolution favorable aux exportateurs chinois, est presque passée inaperçue. Il s’agit du plus bas niveau du yuan depuis 2008.

Le milliardaire américain, qui a pour obsession la réduction du gigantesque déficit commercial qu’accusent les Etats-Unis, ne perd d’ordinaire jamais une occasion de se plaindre du bas niveau de la monnaie chinoise, dont le cours est étroitement contrôlé par Pékin.

Patriotisme économique

Reste à voir quel tour vont prendre en pratique les discussions, qui restent nimbées de nombreuses interrogations et se déroulent sur fond de campagne électorale aux Etats-Unis, avec un Donald Trump jouant à fond la carte du patriotisme économique.

Le président américain a assuré que la demande de dialogue était venue de Pékin. "La Chine a appelé la nuit dernière (…) Elle a dit +revenons à la table des négociations+, alors on va y revenir", a-t-il dit, sans préciser qui avait "appelé" qui.

Interrogé lors d’un point de presse, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang, a dit ne pas être au courant de la conversation évoquée par M. Trump.

Aucune date n’a été fixée pour cette reprise de contact. Lors de leur dernière négociation à Shanghai fin juillet, les deux parties avaient convenu de se revoir en septembre aux Etats-Unis, sans plus de précision.

L’accalmie est aussi soudaine que la tempête avait été brutale vendredi, en particulier sur les marchés.

Avant le week-end, la Chine avait annoncé un relèvement de ses droits de douane sur des produits américains représentant 75 milliards de dollars d’importations annuelles.

Il s’agissait d’une riposte à des sanctions commerciales américaines déjà annoncées. Depuis le début, en mars 2018, du conflit commercial entre les deux premières puissances économiques du monde, elles se rendent ainsi coup sur coup.

Prévisible, cette initiative chinoise n’en avait pas moins déclenché une forte réaction américaine, Washington annonçant des hausses plus fortes que prévu de ses propres surtaxes douanières sur les produits chinois à partir du 1er septembre, ou au 15 décembre pour une liste de produits de grande consommation, notamment électroniques.

Le président Trump a en outre tétanisé les milieux d’affaires américains en les sommant de cesser de faire des affaires avec la Chine, une menace dont il n’a pas précisé le fondement juridique, et qui a été ensuite atténuée par de hauts responsables de son administration.

Les marchés, à bout de nerfs après plus d’une année de conflit commercial, entre réconciliations inattendues et accès de fièvre imprévisibles, ont trinqué. Wall Street a perdu plus de 2 % vendredi.

Comme en réaction à la menace de l’ancien magnat de l’immobilier, représentant d’une droite américaine pourtant hostile en général à toute contrainte publique sur les entreprises, M. Liu a assuré lundi que la Chine souhaitait "accueillir les investisseurs du monde entier, y compris des Etats-Unis".

La Chambre de Commerce américaine à Shanghai a souligné que les entreprises américaines n’avaient pas intérêt à se retirer de l’immense marché chinois, ce qui ne ferait que pénaliser l’économie des Etats-Unis.

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