En juin, le Britannique Joshua était tombé de très haut, mis KO à la 7e reprise par l’Américano-Mexicain Ruiz, outsider mésestimé de tous et moqué pour son embonpoint. Si cette surprise hors-norme avait pour théâtre un temple du sport mondial, le Madison Square Garden de New York, les deux boxeurs se retrouvent cette fois à Diriyah, petite ville collée à Ryad et place forte de la nouvelle diplomatie sportive du royaume.
Au grand dam des défenseurs des droits humains, qui dénoncent la guerre menée depuis 2015 par Ryad à la tête d’une coalition au Yémen, l’assassinat en octobre 2018 en Turquie du journaliste Jamal Khashoggi et de manière générale la répression de la dissidence depuis l’arrivée au pouvoir, en juin 2017, du prince héritier Mohammed ben Salmane.
Se disant cette semaine "affamé, déterminé et concentré", Joshua tentera dans le désert saoudien de récupérer ses titres IBF, WBA et WBO, à partir de minuit heure local (21h00 GMT, 22h00 française).
L’enjeu ne pouvait pas être plus élevé pour le grand Britannique (1,98 m) de 30 ans, qui s’éloignerait dangereusement des sommets en cas de défaite dans un combat baptisé le "clash des dunes".
"Je ne suis pas là pour le show, je suis là pour gagner", a indiqué Joshua (22 victoires, 1 défaite, 21 KO), qui a mis sa déroute contre Ruiz sur le compte d’un "manque d’expérience".
Pour faire face au profil de Ruiz (33 victoires, 1 défaite, 22 KO), moins grand (1,88 m) et très vif de ses bras, Joshua s’est entrainé contre des boxeurs aux caractéristiques similaires.
Pour plus de mobilité sur le ring, le Britannique a également perdu du poids: "Je pèse peut-être moins de 17 stones (environ 108 kilos)", contre 112,4 kg en juin.
Des changements qui n’ont pas l’air d’affoler Ruiz. "Je sais qu’il va venir avec un plan différent, qu’il est préparé, motivé, qu’il a perdu du poids et qu’il essaiera de me piéger, mais c’est tout simplement mon job de prévenir cela. Je suis prêt à tout".
– Ryad veut mettre Vegas KO –
Peu importe le vainqueur samedi, le grand gagnant est déjà connu: l’Arabie saoudite, qui a fait du sport son nouveau terrain de jeu diplomatique.
Une arène de 15.000 places a été spécialement construite dans la banlieue de Ryad pour accueillir des combats comme celui de samedi.
Et pour s’assurer de la venue des deux boxeurs, plus de 100 millions de dollars auraient été posés sur la table: 60 pour Joshua, 40 pour le promoteur Matchroom Boxing et 9 pour Ruiz, pour qui ce montant avait été fixé comme condition à leur premier combat.
"Tous les boxeurs veulent combattre ici", explique dans le Guardian Eddie Hearn, promoteur de Joshua à la tête de Matchroom Boxing. "Avec tout le respect que je dois à Las Vegas, cet endroit a la capacité d’organiser n’importe quel combat".
Outre la boxe, l’Arabie saoudite vient d’accueillir le E-Prix de formule électrique et organisera prochainement une exhibition de tennis (12-14 décembre), le rallye Dakar-2020 (5 au 17 janvier) ainsi que la Supercoupe d’Espagne de football pour les trois prochaines saisons.