Le président du MoDem, 68 ans, est arrivé en début de matinée au tribunal, accompagné de son avocat, pour être entendu par la juge chargée de cette enquête qui ébranle depuis plusieurs semaines le parti centriste.
Les juges cherchent à déterminer si des assistants parlementaires de députés européens, qui travaillaient aussi à temps partiel pour le MoDem, ont réellement effectué les tâches financées par les crédits européens ou si ce montage servait à financer frauduleusement la masse salariale du parti.
Une douzaine de responsables du mouvement ont d’ores et déjà été mis en examen (inculpés) depuis la mi-novembre dans cette affaire, dont l’ex-candidate française à la Commission européenne Sylvie Goulard et l’ancien ministre de la Justice Michel Mercier.
La vice-présidente du MoDem Marielle de Sarnez, entendue mercredi, a pour sa part été mise en examen pour "détournement de fonds publics" pour le contrat d’une ancienne assistante.
L’enquête porte sur la législature 2009-2014 mais aussi, dans une moindre mesure, sur les législatures précédentes.
François Bayrou, qui a toujours nié tout système d’emplois fictifs, a relativisé la semaine dernière les poursuites visant les cadres de son parti. "Tout le monde est mis en examen ou à peu près dans la vie politique française", a-t-il déclaré.
Les collaborateurs travaillaient "à temps partiel" pour le MoDem et "étaient payés pour une fraction de temps par le Parlement européen et l’autre fraction du temps par (le) mouvement". "Qu’est ce qu’il y a de répréhensible à ça?", a-t-il ajouté.
L’ouverture d’une enquête préliminaire du parquet de Paris, en juin 2017, avait entraîné la démission de M. Bayrou du poste de ministre de la Justice, de même que celles de Marielle de Sarnez (Affaires européennes) et de Sylvie Goulard (Armées).
Cette affaire, ajoutée à la polémique sur des prestations réalisées pour un think tank américain, a par ailleurs coûté à Sylvie Goulard sa place dans la nouvelle Commission européenne, refusée en octobre par les eurodéputés.
Le MoDem n’est pas la seule formation dans le viseur de la justice pour des emplois présumés fictifs au Parlement européen. Des enquêtes similaires ont ainsi été ouvertes pour le parti de gauche radicale La France insoumise (LFI) et pour le Rassemblement national (RN), dans laquelle une vingtaine de personnes, dont Marine Le Pen, ont été mises en examen.