Déclaré vainqueur avec plus de 80% des voix, M. Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, fait face à une pression croissante tant au Bélarus, où se déroulent des manifestations quotidiennes et un mouvement de grève touchant des industries vitales à l’économie du pays, qu’à l’étranger.
S’adressant au Conseil de l’Europe depuis la Lituanie où elle est réfugiée depuis le 11 août, Svetlana Tikhanovskaïa a exhorté à rejeter un scrutin « ni équitable ni transparent » et dont les résultats « ont été falsifiés ».
« Les gens, qui sont allés défendre leur vote dans les rues de leurs villes partout au Bélarus, ont été brutalement battus, emprisonnés et torturés par le régime qui s’accroche désespérément au pouvoir », a-t-elle souligné en anglais, estimant que M. Loukachenko a « perdu toute légitimité ».
Professeure d’anglais de formation, novice en politique, Svetlana Tikhanovskaïa, 37 ans, a bouleversé la campagne présidentielle au Bélarus en rassemblant des foules inédites à ses meetings et en obtenant les soutiens d’autres opposants. Elle revendique la victoire à l’élection et dénonce des fraudes.
Elle avait remplacé au pied levé son mari Sergueï, vidéo-blogueur en vue arrêté en mai après avoir fait acte de candidature contre Alexandre Loukachenko. Accusé notamment de « troubles à l’ordre public », il encourt plusieurs années de prison.
La situation au Bélarus fera l’objet mercredi d’un sommet extraordinaire de l’UE, avec à la clé une extension à d’autres responsables bélarusses des sanctions déjà prises la semaine dernière après la répression des manifestations.
Les dirigeants européens ont exhorté mardi Vladimir Poutine à faire pression sur Alexandre Loukachenko, dont il est un allié essentiel, afin de favoriser un dialogue avec l’opposition. Le président français Emmanuel Macron a ainsi appelé à « favoriser l’apaisement et le dialogue », tandis que la chancelière allemande Angela Merkel a souligné que Minsk devait « renoncer à la violence ».
Le président russe a jusqu’à présent apporté un soutien prudent à son voisin, mettant en garde contre toute « tentative d’ingérence étrangère » au Bélarus. L’attitude de la Russie, plus proche partenaire politique, économique et militaire de Minsk, sera cruciale quant à l’issue de la crise.