Au Maroc, les pensionnaires des établissements de protection sociale vivent avec moins de 6 dirhams par jour
Narjis Rerhaye (A Rabat)
Le constat des juges de la transparence est accablant. Presque un tiers de ces institutions de protection sociale (23%) « exerce leurs activités avec des flux effectifs des bénéficiaires qui dépassent leurs capacités d’accueil" avec des dépassements allant de 6 à 800% indique le rapport de la cour des comptes. Les 246 établissements de protection sociale passés à la loupe par les juges de Jettou ont une capacité d’accueil de moins de 30 000 personnes alors que les listes d’attente n’en finissent pas de s’allonger. 36% de ces institutions sont censées prendre en charge les enfants abandonnés ou en situation difficile. 24% accueillent les personnes handicapées alors que 14% doivent assurer la prise en charge des personnes âgées et 9% les femmes en situation difficile.
Une moisson d’informations accablantes recueillies par les auditeurs de la cour des comptes et qui devraient sérieusement donner à réfléchir aux décideurs marocains . L’on apprend par exemple que les dépenses annuelles de nutrition par bénéficiaire ne dépassent pas 2000 dirhams par an, soit moins de 6 dirhams par jour. Un chiffre qui concerne 60% des institutions sociales et qui arrive à 8000 dirhams par an, soit 21,9 dirhams par jour pour seulement 3% environ d’entre elles. Autre information fournie par le rapport de cette institution constitutionnelle, 27% des établissements de protection sociale ont bien du mal à mener à bien leur mission éducative et 13% ont tout simplement des difficultés à remplir leur mission.
Le rapport des magistrats pointe un doigt accusateur sur ces "54% des établissements qui ne respectent pas les conditions exigées de sécurité, notamment en raison du manque des moyens d’extinction de feux et de l’absence des issues de secours". Les pensionnaires en situation de handicap de 45% des établissements visités par les juges de la cour des comptes "n’offrent pas les accessibilités et les moyens requis à même de faciliter leurs déplacements". Quant au chauffage, il n’est plus qu’une utopie inaccessible dans 30% de ces établissements. Il faut enfin savoir que 23% des établissements fonctionnent sans directeur alors 17% des directeurs en exercice ne remplissent pas les conditions légales comme par exemple le diplôme exigé.
Ces institutions sociales qui relèvent du ministère de la famille et du développement social vivent principalement des donations des particuliers qui constituent 50% de leur source de financement sachant que les subventions publiques représentent 37%.