L’appel, signé par le secrétaire général de la Fédération pour le bureau de Tizi Ouzou et portant le cachet de l’organisation et la griffe de son premier responsable local, H. Hamlaoui, est tout ce qu’il y a de plus officiel.
Le général Mohamed Mediene, dit Toufik, n’est jamais intervenu dans le débat politique et n’a jamais fait de déclaration publique, hormis un message de soutien au général Hassan qui avait donné lieu à de nombreuses interprétations. Bien que mis à la retraite par le président Bouteflika, le général Toufik continue d’être considéré comme un élément important dans la vie politique en Algérie, pour avoir été à la tête du puissant DRS pendant vingt-cinq longues années.
La décision inattendue de Bouteflika de se passer des services de celui qui était considéré comme l’homme fort du système avait étonné plus d’un, bien que des bruits circulaient sur des désaccords de plus en plus profonds entre les deux hommes depuis la maladie du Président. Ce dernier aurait eu vent de tractations menées par le patron des services à l’époque pour l’application de l’article 102 de la Constitution relatif à la vacance du pouvoir. Dès son retour en Algérie, Bouteflika avait le puissant chef du DRS dans son collimateur et n’attendait que le moment propice pour l’écarter du pouvoir.
L’appel lancé par le bureau de Tizi Ouzou de l’organisation des fils de chahids sera, il faudra s’y attendre, suivi par d’autres, tant il va de soi que le général Toufik, après quarante ans passés au sein des services, a tissé des réseaux dans le cadre de sa fonction et maintenu ses relations intactes avec des responsables politiques à tous les niveaux, aussi bien au sein du pouvoir que dans l’opposition.
Connu pour son caractère secret, les citoyens ne connaissaient du général Toufik que le nom, jusqu’à ce que de premières images de l’énigmatique patron des services de renseignement paraissent dans la presse, mais celles-ci demeurent très rares. Sortira-t-il enfin de son ermitage ?