A Genève, El Othmani met en exergue l’interaction du Maroc avec le système normatif international dans le domaine du travail
"Au Royaume du Maroc, et sur la base de notre autorité constitutionnelle, nous choisissons clairement de traiter de manière positive le système normatif dans le domaine des activités menées par l’Organisation internationale du travail au cours de sa longue expérience et de son histoire de lutte", a souligné M. El Othmani qui s’exprimait dans le cadre de la section de haut niveau de cette conférence marquant le centenaire de l’OIT.
Il a indiqué, dans ce sens, que le Maroc a récemment entrepris le dépôt des instruments de ratification de trois importantes conventions internationales du travail: "Convention internationale du travail n° 187 sur le cadre promotionnel pour la sécurité et la santé au travail 2006", "Convention internationale du travail n° 97" sur les travailleurs migrants et "Convention internationale du travail n° 102" sur la sécurité sociale.
Le dépôt de ces documents "va dans le sens de l’implication du Maroc dans la poursuite de la construction démocratique et de son engagement à renforcer le système des droits de l’homme", a-t-il poursuivi, mettant en avant "l’engagement depuis de nombreuses années du Royaume sur la voie de l’élargissement de l’espace des libertés fondamentales, enchâssant et respectant les droits de l’homme et interagissant de manière constante et positive avec les mécanismes des droits de l’homme de l’ONU".
Ainsi, conformément aux choix du Maroc dans le cadre de la nouvelle politique d’immigration lancée par le Roi Mohammed VI et de la Charte mondiale des migrations signée à Marrakech, le Maroc a déposé les instruments de ratification de la Convention internationale n° 97 sur les travailleurs migrants, a-t-il relevé, affirmant que ces efforts sont conformes à la politique d’immigration et d’asile marocaine, fondée sur une approche humaine et responsable visant à régler juridiquement le statut des migrants et des réfugiés, à garantir leurs droits et à améliorer leur intégration dans la société marocaine, conformément aux conventions et pactes internationaux auxquels le Maroc s’est engagé.
"Le dépôt des instruments de ratification de la Convention 102 sur la sécurité sociale par notre pays va dans le sens de ses efforts pour mettre en place un système de protection sociale complet", a-t-il soutenu.
Il a indiqué dans ce sens que le Royaume a continué de mettre en œuvre des mesures visant à généraliser et à élargir le nombre des bénéficiaires du système de protection sociale, notamment en développant le recours au Régime d’assistance médicale RAMED, en mettant en place un système d’assurance maladie de base obligatoire au profit des personnes indépendantes et non salariées exerçant une activité spécifique, avec une pension de retraite pour ces catégories.
La couverture sanitaire au Maroc s’est considérablement améliorée, s’est félicité le chef du gouvernement, précisant que cette couverture est passée de seulement 16% des Marocains (environ 5 millions de personnes) en 2005 à environ 60% aujourd’hui.
En outre, a-t-il fait observer, le gouvernement s’est engagé à développer la gouvernance et l’efficacité du système de protection sociale et d’appui grâce à la mise en place d’une protection sociale et à l’intégration de politiques sociales, à la mise en place d’un système de surveillance pour les catégories pauvres et vulnérables, à la création d’un registre social unifié au niveau national et à l’amélioration des conditions du programme d’appui aux femmes veuves du Fonds d’entraide familiale.
"Le dépôt des instruments de ratification de la Convention 187 sur le cadre de promotion de la santé et de la sécurité est conforme à notre conviction que l’une des exigences les plus importantes en matière de travail décent est la protection de la santé et de la sécurité au travail, comme en témoigne le travail que nous avons effectué avec les partenaires sociaux dans le cadre d’un comité tripartite sur la santé et la sécurité pour élaborer une politique nationale sur la santé et la sécurité, parallèlement à la volonté du Maroc d’accueillir la Conférence internationale sur la santé et la sécurité à Marrakech en 2024", a poursuivi M. El Othmani.
Outre les trois domaines des conventions susmentionnées, le Maroc a réalisé des progrès constants en matière de non-emploi des enfants, d’autonomisation économique, sociale et politique des femmes, d’égalisation de celles-ci sur le marché du travail, de criminalisation de la violence à l’égard des femmes, y compris sur le lieu de travail, a-t-il dit.
Tout en soulignant la portée de cette 108ème session, il a réitéré l’adhésion sérieuse et volontaire du Maroc aux programmes de l’OIT, à la mise en œuvre de ses conventions et résolutions, ainsi qu’à la coopération et à l’échange d’expertises et d’expériences avec les États membres pour le bien commun.
Après avoir insisté sur l’impératif pour les pays d’augmenter leurs investissements de manière intensive dans la réhabilitation du capital humain, qui est le principal mécanisme permettant aux nouvelles générations de se préparer à faire face à la nature changeante du travail et aux opportunités et menaces associées, il a indiqué que cette question "constitue l’un des paris de la vision stratégique visant à réformer le système d’éducation et de formation à l’horizon 2030, supervisée par le Conseil Supérieur de l’Education et de la Formation, en tant qu’institution constitutionnelle consultative dans ce domaine, à la suite d’une discussion animée par les composantes de la société de différents horizons et orientations".
M. El Othmani a appelé, de même, à la nécessité d’instaurer une transformation dans les politiques d’emploi, soulignant que l’emploi revêt une importance majeure laquelle nécessite une mobilisation communautaire globale qui met l’enjeu de l’Emploi à la tête des priorités nationales.
Dans cette perspective, le Royaume poursuit ses efforts, dans ce sens, à travers des politiques et des programmes visant la diminution du taux de chômage et l’interaction entre les différentes initiatives sectorielles relatives à la promotion de l’Emploi, a-t-il fait observer, rappelant que le gouvernement a élaboré le Plan National pour la Promotion de l’Emploi 2017-2021 avec des orientations stratégiques claires et une implication effective du secteur privé et des régions.
Il a fait observer que la politique sociale au Maroc jouit d’une unanimité nationale et du patronage effectif de Sa Majesté le Roi Mohammed VI sur ce chantier national dans le Royaume du Maroc. De même, il convient de rappeler dans ce sens et plus particulièrement l’Initiative Nationale pour le Développement Humain et l’élaboration, sous la supervision du Souverain d’un système ambitieux et novateur de la formation professionnelle, à travers la création de villes régionales des métiers et des compétences avec la participation des acteurs économiques.
"C’est grâce à ces politiques et à ces réalisations accumulées que le Maroc est parvenu à attirer des investissements industriels mondiaux, notamment en industrie automobile et aéronautique, créant ainsi un nombre important de postes de travail tout en développant parallèlement la production des énergies renouvelables, en incarnation de la vision du Royaume pour le développement durable et en consécration de sa contribution effective aux efforts internationaux pour la lutte contre les changements climatiques. Ceci constitue par la même occasion un réservoir de nouvelles opportunités d’emploi vert, ami permanent de l’environnement", a-t-il dit.
Dans un autre volet, il a insisté sur l’intérêt accordé par le gouvernement, dans le cadre de l’approche tripartite qui caractérise l’OIT et tout en étant conscient de la nécessité d’un travail collectif entre le Gouvernement et les partenaires sociaux et économiques, au dialogue social, ce qui a abouti, grâce aux efforts déployés par les trois parties, à la conclusion d’un accord social le 25 avril dernier qui s’étend sur 3 ans (2019-2021).
Le Chef du gouvernement a saisi la célébration "de cette fête mondiale des ouvriers" pour évoquer la souffrance du peuple palestinien et des ouvriers palestiniens, en particulier devant le blocus que leur impose l’occupation israélienne. "Ils sont privés de vivre dignement et d’exercer leurs droits sur leur territoire national, ce qui exige de nous la condamnation de la confiscation des droits financiers des ouvriers palestiniens et le soutien du peuple palestinien jusqu’à la création de son Etat indépendant dont la Capitale est Al Qods Al Charif", a-t-il plaidé.
Placée sous le signe "Construire un avenir avec un travail décent", cette conférence à laquelle prennent part plusieurs chefs d’Etats et de gouvernements, aux côtés de quelque 5.700 délégués gouvernementaux, employeurs et travailleurs en provenance des 187 Etats membres de l’OIT, se penchera, 12 jours durant, sur les profondes transformations en cours dans le monde du travail, la justice sociale, la violence et le harcèlement en milieu de travail, ainsi que sur la Déclaration du Centenaire.