A Alger, avocats et journalistes dans la rue contre un 5e mandat de Bouteflika

Avocats et journalistes manifestent jeudi à Alger contre un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika à la veille d’un troisième vendredi de protestation dans tout le pays pour lequel la mobilisation s’annonce forte.

Avocats et journalistes manifestent jeudi à Alger contre un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika à la veille d’un troisième vendredi de protestation nationale pour lequel la mobilisation s’annonce forte.

Un millier d’avocats du barreau d’Alger sont rassemblés jeudi devant le siège du Conseil constitutionnel, réclamant qu’il invalide la candidature à un 5e mandat du chef de l’Etat, au pouvoir depuis 20 ans, a constaté un photographe de l’AFP.

Vêtus de leurs robes noires, les avocats brandissent de grands drapeaux algériens. Fidèle au mot d’ordre des manifestants qui insistent sur le caractère pacifique de la contestation, un avocat s’approche même d’un policier pour l’embrasser.

Agé de 82 ans, M. Bouteflika est affaibli par les séquelles d’un AVC depuis 2013. Des dizaines de milliers de personnes ont défilé à travers le pays depuis le 22 février pour demander le retrait de sa candidature à un cinquième mandat lors de l’élection du 18 avril.

Jeudi, marchant sur environ 1,5 km, les avocats sont parvenus à franchir, au prix de quelques bousculades mais sans heurts, plusieurs cordons de police pour parvenir jusque devant le Conseil constitutionnel, qui étudie, depuis le 4 mars, 21 dossiers de candidatures déposés dans les délais légaux, dont celui de M. Bouteflika.

"Nous demandons au Conseil constitutionnel d’assumer ses responsabilités", a expliqué à l’AFP Me Ahmed Dahim, membre du Conseil de l’ordre des avocats d’Alger, alors que ses confrères scandaient "Non au 5e mandat !".

"Cette candidature est irrecevable", a poursuivi l’avocat soulignant que le dossier devait légalement comporter un certificat médical que l’état de santé de M. Bouteflika ne permet pas de délivrer.

Ils ont été applaudis par les passants sur le parcours, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.

Le Conseil doit statuer sur les candidatures avant le 14 mars.

Le président Bouteflika a été hospitalisé le 24 février en Suisse, officiellement pour "des examens médicaux périodiques", mais son retour en Algérie n’a toujours pas été annoncé.

Depuis son AVC, le chef de l’Etat ne s’est pas adressé de vive voix aux Algériens et ses apparitions publiques sont devenus rares.

Journalistes dans la rue

En annonçant le 10 février sa candidature, il a déclenché une contestation inédite contre lui depuis qu’il a été élu à la tête de l’Etat en 1999.

Mercredi, l’Ordre des médecins algérien avait rappelé au Conseil constitutionnel que les certificats médicaux délivrés aux candidats à la présidence doivent répondre aux "règles de déontologie médicale" et que les médecins les rédigeant doivent être "inscrits au tableau de l’Ordre des médecins".

Alors qu’elles sont officiellement interdites depuis 2001 dans la capitale, les manifestations sont quasi quotidiennes à Alger depuis le début de la contestation le 22 février.

Plusieurs dizaines de journalistes – de médias privés et publics de presse écrite et du secteur de l’audiovisuel – se sont également rassemblés pour le 2e jeudi consécutif sur la Place de la Liberté de la Presse, dans le centre d’Alger, pour protester à nouveau contre les "pressions" exercées selon eux par leur hiérarchie dans leur couverture du mouvement de contestation.

Ils entendent également afficher leur solidarité à l’égard des quotidiens arabophones Echorouk et El-Bilad qui, selon certains de leurs journalistes, sont privés depuis plusieurs jours de publicité institutionnelle en représailles, selon eux, à leur couverture de l’actualité.

En Algérie, l’Etat reste omniprésent dans le domaine économique. Il est le principal annonceur du pays, via ses annonces légales, ses administrations et ses entreprises. La gestion de leur publicité est le monopole de l’Agence nationale d’édition et de publicité (Anep), que ses détracteurs qualifient d’outil politique pour asphyxier les journaux jugés rétifs.

La police, qui avait arrêté une dizaine de journalistes lors de la précédente manifestation, n’est pas intervenue.

Des assemblées générales, devant réunir enseignants et étudiants, sont prévues par ailleurs jeudi dans plusieurs universités à travers le pays pour débattre notamment du déclenchement de mouvements de grève.

Vendredi, la mobilisation, annoncée forte sur les réseaux sociaux par lesquelles transitent les appels à la contestation –notamment via le hashtag "#Mouvement_du_8 mars"– sera scrutée de près alors que le camp présidentiel estime que le chef de l’Etat a répondu aux revendications.

Dans une lettre aux Algériens, publiée le 3 mars, il promet, s’il est élu de ne pas finir son mandat et de convoquer une présidentielle anticipée, à laquelle il ne se présentera pas, à l’issue d’une conférence nationale chargée de réformer profondément le système.

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