Les entreprises espagnoles, confrontées à une grave crise économique, ont œuvré activement à la conquête de nouveaux débouchés, notamment au Maroc. Aidées par un euro plus faible, les exportations ibériques dans le royaume ont progressé en 2012 de près de 29 %, pour s’établir à 5,3 milliards d’euros. Dans le même temps, les exportations françaises chutaient de 6,5 %, à 4,3 milliards d’euros.
Pour Madrid, il s’agit désormais du second marché à l’export, hors zone euro, juste derrière les Etats-Unis mais devant la Chine. Et le solde commercial de l’Espagne avec le Maroc a plus que doublé en 2012, à 2,6 milliards d’euros, soit environ cinq fois celui de la France. Les entreprises espagnoles, près de 19 000 au total, ont progressé dans tous les domaines, avec des hausses particulièrement marquées dans le textile (+ 50 %), les pièces détachées automobiles (+ 40 %) ou la sidérurgie (+ 29 %).
Pour Paris, il n’est pas question non plus de dramatiser. "C’est une question de conjoncture", tempère-t-on à l’Elysée à la veille de la visite d’Etat que doit effectuer François Hollande au Maroc les 3 et 4 avril. "Nos entreprises sont très présentes au Maroc. Elles emploient entre 80 et 100.000 personnes. Nous sommes le premier partenaire commercial, le premier investisseur" mais dans un "contexte de concurrence internationale accrue il ne s’agit pas de nous reposer sur nos lauriers. Nous ne considérons pas que nous avons des positions acquises", souligne-t-on de même source.
Une soixantaine de patrons français accompagnera le chef de l’Etat et un forum économique se tiendra à Rabat le 4 avril avec la participation de plus 400 chefs d’entreprises français et marocains. François Hollande a prévu d’ailleurs de les rejoindre pour échanger, écouter et réaffirmer l’excellence de la coopération économique entre les deux pays et, peut-être, remonter le moral des opérateurs économiques français face à la concurrence ibérique.
Le président Hollande doit à l’occasion relancer l’idée de "colocalisation", présentée comme un partenariat "gagnant gagnant" entre entreprises françaises et marocaines censé éviter les délocalisations et générer des emplois dans les deux pays. La France compte également se positionner sur des nouveaux secteurs stratégiques et des projets structurants, notamment dans le domaine de l’agroalimentaire et des énergies renouvelables. Paris ne fait pas mystère de sa volonté de participer au projet de développement de la centrale solaire à Ouarzazate.
"L’enjeu de cette visite est de continuer de se donner les moyens de maintenir une relation de haut niveau", indique-t-on à la présidence, ajoutant que le "Maroc est un partenaire d’avenir, très proche et très intime".
Une trentaine d’accords et de conventions devraient être signés à Casablanca. Mais pas de contrats mirobolants à l’horizon. "Ce n’est pas tous les jours qu’on signe un contrat TGV", explique-t-on à l’Elysée, précisant que ce sont plutôt des signatures venant "en accompagnement" de projets déjà lancés, en particulier dans le domaine des transports ferroviaires (tramway, métro, train à grande vitesse), de l’agroalimentaire, du traitement de l’eau, des énergies renouvelables.
La France est le premier client du Maroc dont elle a absorbe 20,3% des exportations en 2011. Les exportations marocaines à destination de la France sont concentrées sur les produits textiles, les composants électriques et électroniques et les produits agroalimentaires.
La France est aussi le premier pays d’origine des transferts de capitaux des Marocains résidents à l’étranger (MRE), avec 2 milliards d’euros transférés au Maroc en 2010, représentant 41% du total des transferts des MRE. Les Français constituent par ailleurs le premier contingent de touristes au Maroc (3,3 millions de visiteurs en 2011, soit près de 36% des arrivées en 2010) et les recettes associées à ce flux sont évaluées à 1,7 milliards d’euros.
La France maintient par ailleurs son rang de premier investisseur étranger au Maroc.