"Ce qui change aujourd’hui, c’est la forme, pas l’essence. La mission que notre parti a menée, l’esprit de sa cause, ses objectifs et ses idéaux n’ont pas changé", a assuré le Premier ministre sortant, qui prononçait son dernier discours en tant que président de la formation au pouvoir, à la veille de son investiture.
"La Turquie revient aujourd’hui à ce qu’elle est par essence (…) Aujour’hui naît une Turquie nouvelle", a-t-il lancé devant plusieurs milliers de militants réunis à Ankara pour le congrès de l’AKP. Des milliers d’autres assistaient à l’événement devant un écran géant installé à l’extérieur.
La cérémonie bien huilée devait culminer avec l’élection d’Ahmet Davutoglu, actuel chef de la diplomatie, à la présidence de l’AKP, ce qui en fera le prochain Premier ministre.
Après la projection d’un film retraçant la carrière d’Erdogan, son successeur à la tête du gouvernement lui a rendu un hommage appuyé et a plaidé pour une nouvelle constitution à "caractère libéral" pour remplacer celle en vigueur depuis le coup d’Etat de 1980. Il s’agit d’accorder davantage de droits aux minorités, mais aussi de doter la Turquie du régime présidentiel ouvertement souhaité par le futur chef de l’Etat.
"L’héritage d’Erdogan est notre fierté et nous le défendrons jusqu’au bout", a promis Davutoglu, qui s’est en outre engagé à poursuivre le processus de paix avec les séparatistes kurdes du PKK et l’intégration européenne de la Turquie.
Pour accéder à la présidence, Erdogan, à la tête du gouvernement depuis 2003, a dû résister à l’usure du pouvoir, lui, au mouvement de contestation né sur la place Taksim d’Istanbul l’été dernier et à un vaste scandale de corruption impliquant plusieurs de ses ministres.
Le nouveau chef de l’Etat a promis d’être "le président des 77 millions de Turcs et pas seulement de ceux qui ont voté pour (lui)" et d’oeuvrer à la réconciliation sociale.
A 60 ans, le premier président élu au suffrage universel direct va faire à coup sûr basculer le pays dans un régime semi-présidentiel. Pas question en effet pour Erdogan de se couler dans les fonctions essentiellement protocolaires de la présidence.