Dénonçant dans un communiqué une «attaque traître» contre lui et sa famille, il a récusé sa confirmation par le Parlement comme chef du gouvernement. Abdallah al-Theni a néanmoins assuré qu’il continuerait à gérer les affaires courantes jusqu’à la nomination d’un «nouveau» nouveau Premier ministre.
Abdallah al-Theni avait en effet été nommé par le Parlement après le limogeage, le 11 mars, d’Ali Zeidan, auquel les députés reprochaient son impuissance à rétablir l’autorité du gouvernement sur plusieurs ports vitaux pour l’exportation du pétrole. Zeidan, qui avait lui-même été brièvement enlevé l’an dernier, s’est réfugié en Europe depuis son éviction.
Hier, son désormais ex-successeur a expliqué son renoncement en ces termes : «Je n’accepte pas que les Libyens s’entre-tuent à cause de ce poste» de Premier ministre, ajoutant que l’attaque dont il a été la cible avait terrorisé les habitants d’un quartier résidentiel, mettant «la vie de certains d’entre eux en danger». Selon l’Agence France-Presse, cet attentat a eu lieu sur la route de l’aéroport sans faire de victime.
dimanche 13 avril 2014 à 22:36 – Édition Abonnés
L’ingouvernable Libye reste sans tête
Chaos . A peine nommé, le Premier ministre a démissionné après avoir échappé à un attentat.
La crise politique qui mine la Libye depuis la chute de l’ancien leader Muammar al-Kadhafi, en octobre 2011, s’approfondit encore. Quatre jours seulement après avoir été chargé par le Parlement de former un nouveau gouvernement, le Premier ministre libyen, Abdallah al-Theni, a annoncé hier qu’il jetait l’éponge. Dénonçant dans un communiqué une «attaque traître» contre lui et sa famille, il a récusé sa confirmation par le Parlement comme chef du gouvernement. Abdallah al-Theni a néanmoins assuré qu’il continuerait à gérer les affaires courantes jusqu’à la nomination d’un «nouveau» nouveau Premier ministre.
Pétrole. Abdallah al-Theni avait en effet été nommé par le Parlement après le limogeage, le 11 mars, d’Ali Zeidan, auquel les députés reprochaient son impuissance à rétablir l’autorité du gouvernement sur plusieurs ports vitaux pour l’exportation du pétrole. Zeidan, qui avait lui-même été brièvement enlevé l’an dernier, s’est réfugié en Europe depuis son éviction. Hier, son désormais ex-successeur a expliqué son renoncement en ces termes : «Je n’accepte pas que les Libyens s’entre-tuent à cause de ce poste» de Premier ministre, ajoutant que l’attaque dont il a été la cible avait terrorisé les habitants d’un quartier résidentiel, mettant «la vie de certains d’entre eux en danger». Selon l’Agence France-Presse, cet attentat a eu lieu sur la route de l’aéroport sans faire de victime.
Alors que le Parlement est affaibli par les divisions chroniques entre mouvements islamistes et partis nationalistes, le pouvoir central peine à asseoir son autorité sur les milices composées d’anciens rebelles, qui pullulent dans le pays. Le Sud échappe en grande partie au contrôle de l’Etat, permettant aux groupes jihadistes qui écument la région de séjourner sur place en toute impunité.
Dans le nord-est, la situation est extrêmement tendue à Benghazi, l’ancien fief des rebelles anti-Kadhafi, où les assassinats ciblés se multiplient contre les magistrats, les membres des forces de sécurité et les ressortissants étrangers. Pour protester contre l’insécurité, une grève générale y a été lancée début avril. Plus à l’est, à Derna, la ville est ouvertement contrôlée par les mouvements islamistes, les institutions nationales y étant totalement absentes.
Le 20 mars, le gouvernement avait reconnu pour la première fois l’existence de «groupes terroristes» sur le territoire libyen et annoncé une mobilisation de ses forces de sécurité. Il a également appelé la «communauté internationale, et les Nations unies en particulier, à fournir l’appui nécessaire pour éradiquer le terrorisme»,citant les villes de Derna, Benghazi (est) et Syrte (centre).
Depuis des mois, les chancelleries occidentales font part de leur inquiétude à propos de la situation en Libye. Mais personne n’envisage sérieusement de mener une opération militaire, de peur d’affaiblir par ricochet les forces politiques modérées. Plusieurs Etats aident en revanche Tripoli à se doter d’une armée nationale digne de ce nom. Une œuvre de longue haleine.