Manifestation pro-Erdogan sous tension en Allemagne
Des milliers de partisans du président Recep Tayyip Erdogan comptent manifester dimanche en Allemagne, au risque d’attiser les tensions au sein de l’importante communauté turque du pays autour des suites de la tentative de putsch.
L’appel a été lancé par l’Union des démocrates européens-turcs (UETD), pro-Erdogan, pour venir soutenir le président islamo-conservateur.
Ce dernier a appelé vendredi les Occidentaux, très critiques face aux purges, à "se mêler de leurs affaires" et il a accusé l’Allemagne et l’Autriche de faire en sorte que les Turcs se voient "empêchés de se rassembler, de manifester" et de mettre le drapeau turc à leurs fenêtres.
"Voilà quels démocrates ils sont!", a raillé devant ses partisans le dirigeant turc, qui bénéficie en Allemagne d’un immense soutien auprès des 1,55 million de membres de la diaspora turque – 3 millions de personnes si l’on y ajoute les Allemands ayant une origine turque – soit la plus importante au monde.
La police de Cologne a menacé un temps d’interdire la manifestation si des représentants du gouvernement turc devaient y intervenir, ce qui ne sera finalement pas le cas.
Plusieurs contre-manifestations, dont une d’extrême droite, sont aussi prévues dans la ville dimanche, faisant craindre des débordements entre partisans et adversaires du Parti de la justice et du développement (AKP), la formation de Recep Tayyip Erdogan. De nombreux Kurdes et Alévis, opposés au régime Erdogan, résident en effet aussi dans le pays.
Samedi, une première contre-manifestation rassemblant 150 personnes a eu lieu sans incident dans le centre-ville, rapporte l’agence de presse allemande DPA.
Les tensions sont montées dans la communauté après le coup d’Etat raté du 15 juillet, mené par une fraction de l’armée, puis les purges tous azimuts conduites dans la foulée par Ankara.
Plusieurs responsables politiques allemands ont exhorté à ne pas exporter les conflits existant en Turquie.
Le ministre de l’Intérieur de la région de Cologne, Ralf Jäger, a prévenu qu’en cas d’"appels à la violence", "la police interviendra de manière rigoureuse", alors que les adversaires de M. Erdogan en Allemagne se plaignent de recevoir menaces et insultes.
Enfin, la chancelière Angela Merkel s’est inquiétée jeudi de l’impact des tensions en Turquie sur la diaspora et a appelé Ankara à faire "preuve de proportionnalité" dans sa réponse au coup d’Etat manqué.
Mais au même moment le gouvernement turc a jeté de l’huile sur le feu en demandant à l’Allemagne d’extrader les membres présents sur son territoire du réseau du prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d’avoir ourdi la tentative de putsch.
(Avec AFP)