Le piège de la déchéance se referme sur François Hollande
Il n’est pas certain que si François Hollande avait pu prévoir le nombre de complications politiques qu’il aurait à gérer aujourd’hui, il se serait lancé avec cet enthousiasme presque militant dans la déchéance de nationalité pour binationaux nés sur le sol français. Il aurait réfléchi à deux fois avant d’enclencher la machine à réformer la Constitution. Aujourd’hui, François Hollande subit de plein fouet l’effet Chewing-gum qui colle désespérément à la semelle et dont on n’essaie de se débarrasser sans succès.
Par Mustapha Tossa
Devant la vague de suspicions qui se déclencha à gauche, François Hollande aurait pu faire marche arrière et se contenter de "l’indignation nationale" comme porte de sortie comme le lui suggéraient de nombreuses voix. Il se cabra tel un cheval têtu, sacrifia son ministre de la justice Christiane Taubira, obligée de démissionner pour incompatibilité politique, et se retrouve à discuter devant le Parlement avec une chance infime de réaliser le grand Chelem constitutionnel, Assemblée nationale, Senat et congrès.
Dans cette configuration, les fondeurs à gauche menacent de ne pas voter la réforme comme la verte Cécile Dufflot, intronisée pour l’occasion première opposante à Manuel Valls, qui en a donné la couleur devant la représentation nationale. A droite, Nicolas Sarkozy et ses concurrents sont entrés dans une logique de surenchère. Voter la réforme revient à faire un précieux cadeau à François Hollande. La solution, hausser le plafond des exigences pour justifier un non vote.
François Hollande vient d’apprendre à ses dépens qu’on ne courtise pas impunément l’extrême droite. Il subit de plein fouet l’effet boomerang d’une stratégie qui visait à désarmer ses adversaires, quitte à se retrouver en total contradiction avec les ressorts idéologiques de sa propre famille.
Le piège dans lequel il est tombé se construit comme suit: aller de l’avant et tenir la barre de la déchéance contre vents et marées risque de lui faire perdre sa gauche. Reculer risque de lui faire perdre la face et ouvrir un grand boulevard devant la droite qui ne manquera pas de lui faire un procès en incompétence sécuritaire. Ce qui est par les temps incertains qui courent est l’attaque la plus violente et la plus destructrice pour l’agence politique d’un président en poste et qui rêve d’un second mandat.