Maroc: l’Istiqlal tourne la page du controversé Chabat et renoue avec l’atout « famille »
Par Narjis Rerhaye
L’Istiqlal s’est préparé à tourner la page Hamid Chabat, le syndicaliste populiste devenu leader sulfureux. Ses excès conjugués à ses sorties fracassantes, ses menaces insensées et ses accusation irrationnelles ont eu raison d’une formation politique qui a connu des jours meilleurs et sa courte carrière de patron de parti. Les Istiqlaliens ont à l’évidence opté pour un retour aux sources. L’ombre du père fondateur, Allal Al Fassi, plane plus que jamais. C’est son petit-fils, Nizar Baraka, qui se prépare à être aux commandes. Ce lundi 25 septembre à Rabat, le candidat Nizar Baraka donnait sa toute première conférence de presse de futur leader.
Les préparatifs d’un congrès qui veut en finir avec le « chabatisme » ont été longs et laborieux. Cela ne s’est pas fait sans bruit, violence et coups de poings. « Bref nous avions été condamnés à utiliser les mêmes méthodes que Chabat. Nous n’avions pas le choix », résume très sobrement un membre du comité exécutif de l’Istiqlal, une énième victime du leader partant.
Deux candidats officiels vont donc se livrer bataille : Hamid Chabat, le SG sortant-partant qui veut d’abord et surtout s’assurer une immunité familiale avant de céder son fauteuil et Nizar Baraka, l’actuel président du conseil économique, social et environnemental et ancien ministre. Une troisième candidature pourrait intervenir mais sans toutefois pouvoir créer la surprise. Selon le règlement adopté par le comité préparatoire du congrès, les candidats à la candidature (secrétaire général et membres du comité exécutif) ont jusqu’au 27 septembre pour se déclarer. Le prochain secrétaire général de l’Istiqlal sera élu le dimanche 1er octobre.
Si les préparatifs ont été coûteux sur un plan politique, ils le sont assurément au niveau financier. Dans les arcanes istiqlaliens, on avance un budget de plus de 6 millions dhs pour un congrès qui se tient du 29 septembre au 1er octobre sous la présidence de Noureddine Mediane, le député istiqlalien d’Al Hoceima.
Au-delà de la succession sous contrôle de Hamid Chabat, c’est la question des équilibres politiques au sein des futures instances de l’Istiqlal qui fait l’objet d’une négociation serrée. Les 240 représentants des alliances et autres organisations parallèles au sein du conseil national font encore partie des points litigieux. La partie est d’autant plus difficile que le contrôle de ces instances signifie avoir la main sur tout l’appareil. « L’élection des membres du bureau exécutif sera aussi un moment de grande tension. Aucun clan n’acceptera d’être phagocyté. Dans ce cas d’espèce, la représentativité est un travail de dentelière ! » s’exclame notre interlocuteur.
Le 17ème congrès de l’Istiqlal se tient sous le thème d’un « nouvel engagement pour la Nation ». Reste à savoir comment et de quelle manière un tel engagement compte se traduire.