Présidentielle France: le match pour la seconde place
À croire la tendance du moment, il y aurait une lutte sans merci pour la seconde place de cette présidentielle française inédite parce que teintée d’un suspense sans précédent. La première place étant garantie par les sondages depuis de longs mois à l’icône de l’extrême droite Marine Le Pen dont le réservoir de voix est compact et la détermination militante est solide. La seconde place se joue actuellement entre deux hommes qui se disputent presque la même politique et presque la même approche européenne et libérale : François Fillon et Emmanuel Macron.
Par Mustapha Tossa
La guerre entre les deux hommes fait rage. François Fillon appelle Emmanuel Macron «Emmanuel Hollande », pour bien souligner que sa posture n’a rien d’innovant, que son offre politique n’a rien de neuf, qu’il s’agit simplement d’un faux nez de François Hollande destiné à faire illusion. Moralité de cette attaque, pour Fillon et ses amis, Macron est tout aussi comptable du bilan catastrophique de la gauche au pouvoir à tel point que fait inédit dans les annales, le président sortant était dans l’incapacité de se représenter. Macron, responsable, comptable et coupable pour cette droite incarnée par Fillon qui ne veut pas se laisser berner par ce qu’elle considère comme un tour de passe-passe ourdi par Hollande et exécuté par le talent d’un vendeur d’illusions comme Macron. L’enjeu étant de coller le bilan aux frasques de Macron et de l’empêcher de se vendre comme un homme neuf.
La réponse du berger à la bergère ne s’est pas fait attendre. Outre une volonté de la part des amis d’Emmanuel Macron d’appuyer là où ça fait mal chez François Fillon, à savoir le manque de probité et de droiture et de transparence devenu la marque de fabrique du candidat des républicains, Emmanuel Macron a sorti un joker de sa besace: Une photo inédite avec Christian Estrosi, un proche très droitier de Nicolas Sarkozy. L’image, pleine de symboles, a fait sens. A travers cette démarche, Emmanuel Macron a délivré deux messages importants. Le premier est de montrer les oppositions internes à François Fillon qui avaient exigé son retrait suite au déclenchement de la machine à scandales. La photo d’Estrosi avec Macron à un effet grossissant de la solitude de Fillon, une manière de triturer la blessure de Fillon non encore cicatrisée. Le second message est celui de montrer sa capacité de séduire au-delà de sa propre famille politique, centriste et de gauche. Un des points faibles de Macron est son incapacité probable à réunir une majorité pour pouvoir gouverner, le fruit d’un manque de profondeur sociale et politique de son jeune mouvement en Marche quoi qu’en disent les brochures.
Cette bataille entre ces deux hommes pour la seconde place de cette présidentielle suppose que la gauche traditionnelle ait fini son processus d’évaporation, la conséquence direct de sa propre division et de son incapacité à se choisir un seul leader. Le candidat du Parti socialiste, Benoit Hamon aura littéralement disparu sous les coups de boutoirs et de trahison de sa propre famille. Celui du Front de gauche Jean Luc Mélenchon, après avoir fait illusion avec des sondages frémissants et des postures médiatiques innovantes, n’aura pas tenu la promesse de ses performances.
Conscient du danger que représentent ces deux hommes, Fillon et Macron, pour ses rêves présidentiels qu’elle sent plus de la réalisation que jamais, Marine Le Pen ne rate aucune occasion de les critiquer avec son verbe et sa violence habituelle : « Derrière le sourire marketing de l’un et le masque défait de l’autre, c’est le sourire avarié du mondialisme, de l’immigrationnisme et de l’UE qu’on vous ressert »