Les appels au cessez-le-feu se multiplient au Soudan, émanant aussi bien des Forces armées soudanaises que des des Forces de soutien rapide. Pourtant, sur le terrain, les combats se poursuivent avec une intensité quasi inchangée, nourrissant un scepticisme croissant quant à la sincérité réelle des engagements annoncés par les deux camps.
Du côté de l’armée soudanaise, le discours officiel met en avant la défense de l’État et la nécessité d’une solution politique. Cette rhétorique se heurte toutefois à des faits difficiles à ignorer. La poursuite des opérations militaires, le renforcement des capacités de combat et la recherche active de soutiens extérieurs suggèrent que l’option militaire demeure centrale dans la stratégie du commandement. Des informations persistantes évoquent notamment un rapprochement avec l’Iran la Turquie incluant des livraisons d’armes et une coopération sécuritaire, un choix qui interroge sur la cohérence entre le discours de désescalade et les actes.
Pour de nombreux observateurs, cette dynamique traduit moins une préparation sérieuse à la paix qu’une volonté de préserver un rapport de force favorable. Le cessez-le-feu apparaît alors comme un instrument tactique, destiné à répondre aux pressions internationales tout en gagnant du temps pour consolider les positions sur le terrain.
Mais les responsabilités ne sauraient se limiter à l’armée régulière. Les Forces de soutien rapide, de leur côté, se présentent régulièrement comme ouvertes à une solution négociée. Dans les faits, elles continuent d’être accusées de violations des droits humains, notamment dans les zones urbaines et au Darfour. Leur mode opératoire, fondé sur une logique de milice fortement armée et peu encadrée, contribue largement à l’enlisement du conflit.
Là aussi, le décalage entre le discours politique et la réalité militaire est manifeste. Les annonces de trêves temporaires n’ont que rarement été suivies d’effets durables, et les Forces de soutien rapide semblent privilégier la consolidation de leurs zones d’influence plutôt qu’un véritable désengagement militaire.
Dans ce contexte polarisé, les initiatives portées par le chef du gouvernement soudanais peinent à convaincre. Bien que son discours insiste sur la transition civile et la fin des hostilités, son absence de contrôle effectif sur les deux appareils armés limite considérablement sa capacité à imposer un cessez-le-feu crédible. Le pouvoir politique apparaît ainsi marginalisé, pris en étau entre deux forces militaires engagées dans une logique de confrontation prolongée.
Au final, la crise soudanaise illustre l’impasse d’un conflit où aucun des protagonistes armés ne semble prêt, à ce stade, à renoncer à la violence comme principal levier de négociation. Tant que l’armée régulière continuera de renforcer ses alliances militaires et que les Forces de soutien rapide poursuivront leurs pratiques coercitives sur le terrain, les appels au cessez-le-feu risquent de rester de simples déclarations d’intention.
Face à cette réalité, la communauté internationale est de plus en plus appelée à adopter une approche plus exigeante, fondée sur la responsabilisation équitable des deux camps et sur des mécanismes de contrôle concrets. Sans pressions coordonnées et sans engagements vérifiables, la perspective d’une paix durable au Soudan restera, pour l’heure, hors de portée.

