Le cérémonial, qui entoure une visite au sommet, des réunions de haut niveau, des forums ou des séminaires avec son lot de déclarations, de conférences de presse et de prises d’images, n’est pas un « luxe politique ». Il s’agit plutôt d’un élément important dans le processus de communication politique à destination de l’opinion publique qui aide à renseigner sur les multiples lectures d’un évènement et à l’analyser sous ses différents angles.
En effet, à la lecture des différentes images de la rencontre fraternelle du 4 décembre 2023 entre le Roi Mohammed VI et son frère Cheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyan, président des Émirats arabes unis au « Palais de la Nation », où les touches de l’artisan traditionnel marocain et son empreinte sont visibles sur les murs, les arcades, la décoration, le carrelage et la gravure, on s’arrête aux détails précis du somptueux accueil réservée par Cheikh Mohammed ben Zayed et le peuple émirati à un invité exceptionnel, Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Deux Chefs d’Etat et deux pays que des évènements historiques marquants réunissent et aux positions politiques fermes, qui ne sont nullement affectées par les nuages passagers de l’été. Car il s’agit véritablement d’une relation solide.
Et parce que les images ont généralement besoin d’un commentaire et d’un titre. La rencontre était sous l’intitulé : « Un partenariat innovant, renouvelé et solide», résumant ainsi profondément la chaleur des accolades, la sincérité de l’affection et la bonne foi lors de la signature d’une nouvelle transition vers un niveau encore plus accueillant de ces relations fraternelles à travers des mécanismes novateurs et des projets renouvelés, qui servent les intérêts des deux peuples et renforce la consolidation et la solidité des relations qui ne rouillent pas avec le temps et s’opposant à tous les éléments intrus.
Cependant, nous ne pouvons négliger la lecture d’une image qui rassemble les commissions de travail des deux pays et à leur têtes les dirigeants des deux peuples. Outre la beauté de l’image, nous sommes attirés par les implications de la délégation marocaine en termes du nombre, des membres et de la diversité de sa représentation, parmi les institutions gouvernementales, les secteurs industriels d’importance. C’est un autre message sur les perspectives de partenariats stratégiques dans la nouvelle génération de partenariats maroco-émiratis.
De ce fait, l’accueil chaleureux, la forte présence des délégations marocaine et émiratie et, parallèlement, la signature de protocoles d’accords liés à des secteurs stratégiques importants, qui assurent la sécurité de l’eau, de l’énergie, de l’alimentation et des infrastructures et offrent de nombreuses opportunités d’emplois, forment comme il se doit. Une véritable expression de la réalité des relations entre les deux pays
Ces rapports connaissent un nouveau virage compatible avec les difficultés que connaissent les des relations internationales et la course à la création d’alliances politiques et économiques. Et le choix marocain du partenaire émirati de signer un ticket de traversée ensemble, sur fond de foyers de tensions, que ce soit en Ukraine ou dans la bande de Gaza, ou encore entre les pays de l’OTAN et la Russie, la Chine et les États-Unis d’Amérique, les crises en l’océan Pacifique, les coups d’État en Afrique et la menace du Venezuela de Maduro d’annexer la région d’Essequibo en Guyana, riche en pétrole et en gaz qui met l’Amérique latine au bord de la guerre, sans oublier les forts changements climatiques et leurs répercussions, l’épidémie de la Covid et les vestiges du printemps arabe en Libye, en Tunisie, en Syrie, au Yémen, en Égypte ou encore les pays méditerranéens, concernés par les migrations et les déplacements massifs vers l’Europe.
Suite à cela, le choix par le Maroc des Émirats comme l’un des partenaires politiques et économiques d’une nouvelle ére n’est pas un accident, mais plutôt une extension des relations historiques et des positions politiques conformes aux faits annoncés par SM le Roi du Maroc dans plus d’un discours. Il suffit de rappeler que les Émiratis ont participé en 1975, à la Marche Verte. Ils ont été le premier pays arabe à ouvrir un consulat à Laâyoune en 2020 et l’Etat émirati faisait partie des quatre pays qui ont participé aux opérations de secours et de sauvetage lors du tremblement de terre d’Al Haouz en 2023.
C’est sans parler de l’ampleur des investissements émiratis dans l’économie et le marché financier marocain. Il fallait injecter du sang neuf dans ces relations historiquement établies à travers des partenariats nouveaux et innovants. Et qui soient compatibles avec les nouveaux paramètres marocains, qu’ils soient au niveau du développement économique et social ou à l’échelle méditerranéen, atlantique ou européen et américain.
Il ne faudra pas faire d’efforts pour lier ce qui a été déclaré dans le discours de la Marche verte pour l’année 2023 avec le contenu des mémorandums d’accord de la réunion des Émirats arabes unis du 4 décembre, qu’ils concernent l’équipement, la logistique, les ports (Nador et Dakhla), la flotte maritime commerciale compétitive, ou l’interface atlantique rassemblant 23 Etats ou les projets de dessalement de l’eau et de gestion de sa rareté, ou le gazoduc maroco-nigérian et les projets de développement durable et de création d’emplois, y compris dans les régions du Sahara marocain .
En outre, ce même choix n’est pas une faveur pour un pays frère. Les Émirats arabes unis ont plutôt un programme économique fort au niveau mondial y compris en Afrique, car ils sont considérés comme le quatrième investisseur étranger après la Chine, l’Union européenne et les États-Unis d’Amérique. Leur investissement a également atteint 60 milliards de dollars dans les domaines des infrastructures, des trains, des ports et de l’énergie propre en Afrique. En septembre dernier, les émiratis ont accordé un montant de 4,5 milliards de dollars, à Nairobi, afin de financer les projets de l’énergie propre en Afrique, en amont de la COP 28 organisée à Dubaï en novembre-décembre 2023.
Des entreprises et des fonds d’investissements émiratis ont signé des partenariats pour moderniser les infrastructures et les ports de nombreux pays africains comme Djibouti, la Tanzanie, le Mozambique, l’Égypte, l’Angola et le Sénégal. Ce sont des partenariats qui ont fait croire à certains, intéressés par les affaires africaines, qu’il existait un conflit bilatéral sino-émirati à propos des ports africains.
Ainsi, Cheikh Mohammed ben Zayed, président des Émirats arabes unis, a indiqué dans la déclaration commune de la visite fraternelle et de travail de SM le Roi Mohammed VI le 4 décembre, que le Maroc offre de grandes opportunités et des potentiels dans le domaine de l’investissement et des qualifications diverses soutenus par un climat d’affaires offrant la sécurité et la stabilité , qui font du Royaume une destination attractive pour les investissements. C’est un message clair à l’adresse de tous les partenaires économiques qui partagent avec le Maroc ses atouts politiques et historiques et la défense de son unité nationale et territoriale.
En fait, nous sommes tous fiers des partenariats du Maroc avec les Émirats Arabes Unis et les poussons à avancer encore plus vite vers ce « Partenariat innovant, renouvelable et solide… ».
*Abdallah BOUSSOUF; Historien; Secrétaire Général du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger (CCME).