Selon le dernier baromètre annuel réalisé par la chambre de commerce américaine en France (AmCham) auprès de 135 de ses membres, représentant au total plus de 75.000 employés en France et plus de 70 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans l’hexagone, seulement 22% d’entre eux anticipent une évolution positive du contexte économique en France dans les deux à trois prochaines années. Un chiffre à mettre en regard des 74% recueillis il y a un an en réponse à la même question.
Le nombre de filiales de groupes américains anticipant une dégradation de la situation économique est passé dans le même temps de 4% à 34% des interrogés, le niveau le plus élevé en sept ans. Un chiffre qui laisse présager un effritement de l’investissement américain en France dans les années à venir.
D’après le baromètre, intitulé « le moral des investisseurs américains en France », certaines industries tirent leur épingle du jeu, notamment les entreprises du secteur de l’énergie, qui bénéficient d’un environnement macro-économique leur étant favorable, le secteur du tourisme qui reprend vigoureusement après les années Covid, ainsi que le secteur de l’électronique/électricité tirant entre autres parti du retour en force du nucléaire.
A l’inverse, d’autres s’attendent à des circonstances plus difficiles comme l’agroalimentaire qui anticipe une baisse de volume – conséquence directe de l’inflation, l’industrie de la chimie dont les procédés sont très énergivores, ainsi que l’industrie pharmaceutique qui pâtit notamment du projet de loi de financement de la sécurité sociale 2023.
Dans ce contexte, les efforts pour une transition écologique accélérée, la volonté affichée de réindustrialiser le pays ou bien les plans de soutien à l’économie française sont perçus comme de « nouvelles opportunités » offertes par la France. Cependant, ceci demeure insuffisant.
« Malheureusement, cela ne suffit pas à compenser les difficultés d’approvisionnement en matières premières et autres composants, un marché du travail de plus en plus tendu ainsi que l’anticipation d’une hausse de la pression fiscale”, souligne le baromètre.
Le score Net PromoterSM Score (NPS®) (qui mesure la propension à recommander un pays, une entreprise ou un produit à travers une unique question : « recommanderiez-vous ce pays, ce produit ou cette entreprise à vos amis ou à vos collègues ? ») de la France en tant que pays où s’implanter diminue, pour sa part, après la reprise de 2021, passant de –1% à –12%, selon les résultats du baromètre.
Cette diminution s’explique notamment par « un climat social perturbé » ces derniers mois, avec des revendications salariales et des grèves importantes dans différents secteurs comme la pétrochimie ou la fonction publique, précise le rapport de l’AmCham.
De plus, une certaine « instabilité des réglementations », que ce soit au niveau européen ou français, irrite les investisseurs qui recherchent une visibilité long terme pour prendre des décisions d’investissement éclairées, d’après le même rapport, notant que ceci « dégrade l’attractivité de la France » par rapport à ses voisins européens.
En revanche, la position centrale de la France en Europe ou sa capacité d’innovation et de recherche, couplée à une main-d’œuvre très qualifiée, permettent de maintenir ce score au-dessus de la moyenne des 6 dernières années, qui s’établit à –19%, souligne la même source.
Par ailleurs, la part des répondants pour qui la France est insuffisamment préparée aux métiers de demain est de 40%. « Les métiers du numérique, particulièrement la cybersécurité, et les métiers de la transition énergétique sont notamment pointés du doigt en termes de manque de formations existantes et de profils à recruter », observe aussi la chambre de commerce américaine en France.
Fondée en 1894 pour promouvoir les échanges économiques entre la France et les États-Unis, l’AmCham France regroupe aujourd’hui des entreprises françaises et américaines ainsi que de nombreux partenaires académiques et économiques des deux bords de l’Atlantique.
Présentes sur l’ensemble du territoire, les 4.500 filiales d’entreprises américaines génèrent aujourd’hui près de 400.000 emplois en France.