Ce score a été considéré par de nombreux observateurs comme un plébiscite au président de la république qui jouit d’une importante cote de popularité chez d’importantes franges de la population tunisienne.
Il confirme également, la déconfiture de la classe politique, notamment le mouvement islamiste Ennahdha, sévèrement sanctionné pour sa gestion calamiteuse des affaires du pays pendant plus d’une dizaine d’année.
Les résultats préliminaires annoncés mardi très tard dans la soirée par le président de l’instance indépendante supérieure pour les électorale (ISIE), Farouk Bouasker, ont révélé en outre un très fort taux d’abstention.
69,95% du corps électoral n’a pas participé à cette consultation, jugée cruciale pour l’avenir du pays. Le taux de participation s’est élevé à 30,5 % des inscrits représentant 2,46 millions de votants.
D’après les observateurs, la victoire du « oui » a été une conséquence logique du large boycott observé par une opposition hétéroclite certes mais qui a fortement influencé le taux de participation.
Ce taux a été faible, le plus bas depuis 2011 altérant, aux yeux de certains observateurs, la légitimité démocratique de cette consultation dans laquelle environ 7 millions du corps électoral a préféré ne pas y participer.
Dès la clôture des bureaux de vote et avant même la proclamation des résultats officiels, les partisans du président de la république, Klaxons, drapeaux tunisiens, ont fêté dès lundi soir à l’avenue Bourguiba, la victoire du « oui ».
Au cours de la même soirée, le président de la République, Kaïs Saïed, s’est rendu à l’avenue Habib Bourguiba pour s’offrir un bain de foule.
Visiblement soulagé par la victoire du « oui », il a fait savoir « Nous sommes passés de la rive du désespoir et de la désillusion à la rive de l’espoir et du travail ».
Il n’a pas omis d’orienter ses piques contre ceux qui ont commis des « crimes contre le peuple » qui a « le droit de demander des comptes à ceux qui l’ont opprimé ».
La nouvelle Constitution qui a recueilli une large victoire populaire est censée mettre fin à la crise politique provoquée par un système politique hybride qui a paralysé dix ans durant la vie politique et a plongé le pays dans une crise profonde. Elle instaure un régime présidentiel accordant de vastes pouvoirs au chef de l’Etat.
Pour la majorité qui a voté « oui », cet acte se veut une expression pour tourner la page de la Révolution et pour donner une chance au président de réussir.
Un projet qui suscite un « espoir » diffus chez d’importantes franges populaires portant sur l’amélioration de leur situation socio-économique.
Dans l’autre sens, certains expriment des craintes sur l’avenir de l’expérience démocratique en Tunisie. La nouvelle Constitution confère au président des pouvoirs considérables, abaissant du même coup le rôle et le poids du Parlement.
En outre, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP, chambre des députés) devra désormais compter avec une nouvelle Chambre des régions.
Le pouvoir exécutif est entièrement dévolu au président, qui nomme certes un chef de gouvernement, mais il le désigne et peut le révoquer sans passer par le Parlement.
Une fois les résultats préliminaires annoncés, les réactions ont fusé de partout. Pour Neji Jalloul, président du parti de la « Coalition nationale », les 94,6% de « oui » ne reflètent pas une vraie conviction du projet de Constitution.
Néji Jalloul estime que les gens ont surtout voté en faveur de Kaïs Saïed pour contrer le mouvement Ennahdha, l’un des principaux opposants du chef de l’Etat.
Il conclut que « Le gouffre s’est creusé entre les Tunisiens après le référendum et le peuple est sorti divisé ».
Le secrétaire général d’Attayar (courant), Ghazi Chaouachi a souligné que « le peuple dans sa majorité a dit non, il a boycotté ce processus et la constitution ne le concerne pas ».
De l’autre côté, le Front de salut national (regroupe cinq partis dont Ennahdha), a qualifié les résultats du référendum de « fiasco » et tout le processus de « pièce de théâtre ».
Avec l’adoption de la nouvelle constitution, une nouvelle étape va s’ouvrir, celle de la refonte du code électoral qui sera un élément fondamental pour l’organisation des élections législatives anticipées prévues le 17 décembre 2022.