Le Yémen englouti dans la guerre
La paix s’effondre devant l’intransigeance des Houthis et le jeu trouble et déstabilisateur des frères musulmans.
Dans moins d’un mois, la guerre au Yémen clôt sa huitième année sans qu’aucun signe prometteur de la fin du tunnel de la guerre et la destruction se profile à l’horizon. Et pour cause, ce qui était clairement évident pendant toutes ces années était l’incapacité des forces politiques devenues caducs et usées par le temps pour trouver une issue pour les Yéménites. Dans le viseur des feux des critiques, le parti Al Islah, la branche des Frères musulmans au Yémen, a l’agenda trouble et à la stratégie suspecte.
Les Houthis n’ont pas été le seul obstacle sur la voie de la paix au Yémen, même s’ils ont été les principaux responsables de l’échec des initiatives de solution pacifique. Le rôle négatif et destructeur du parti Al Islah, qui monopolise les décisions au sein du gouvernement a clairement contribué à saper ces efforts et à laisser l’option de la guerre dominer la scène tragique au Yémen.
Le Yémen connaît un conflit sanglant qui approche de sa huitième année, à la suite du coup d’État du groupe houthi soutenu par l’Iran contre l’autorité reconnue en septembre 2014. Une coalition militaire dirigée par le voisin du Yémen, l’Arabie saoudite, est intervenue pour secourir le gouvernement à la demande de ce dernier en mars 2015, forçant les Houthis à arrêter leur expansion et à s’engager dans la paix.
Au Yémen, la coalition arabe avait brandi le mot d’ordre de la paix depuis la première année de la guerre, mais les Houthis ont tout fait pour alimenter une vive obstruction à la solution pendant 7 ans. Et s’il faut ajouter à cette politique d’obstruction le rôle paralysant du gouvernement dans la gestion des consultations politiques, la crise trouve une autre raison derrière la prolongation du conflit et de l’échec de 4 séries de consultations politiques tenues à Genève, au Koweït et à Stockholm.
Ces milieux yéménites pensent que le fait que gouvernement était sous domination du parti Al Islah qui monopolisait tous les postes de responsabilité, avant la mise en œuvre de l’accord de Riyad, était à l’origine de cet échec des consultations.
Cette stratégie avait échoué à formuler une solution politique qui mettrait fin au conflit. Le constat pour beaucoup est clair : les Houthis et le parti Al Islah se sont révélés les grands bénéficiaires de l’état de guerre et de crise permanente au Yémen et n’ont aucun intérêt à trouver une solution à une sortie de crise. Cet état de guerre semble bénéfique pour leurs influences et leurs dominations.
La guerre a tué des dizaines de milliers de civils au Yémen, qui compte 30 millions d’habitants. Les Nations Unies estiment qu’environ 21 millions de Yéménites ont besoin d’aide humanitaire, tandis que plus de 16 millions d’autres personnes souffrent de la faim et que 5 millions sont au bord de la famine.
D’autres responsables yéménites estiment dans de nombreuses déclarations à la presse que l’échec de la gestion de la guerre par le gouvernement est la raison qui a poussé les Houthis à privilégier l’option de la guerre à l’option de la paix.
Dans ce cas précis, l’accusation est formelle : les forces militaires du gouvernement yéménite, dirigées par des chefs du parti Al Islah ont lamentablement échoué à affronter les Houthis, et cela en soi était une raison suffisante de gâcher les opportunités de paix, car le pari était grand sur le fait que la pression militaire allait forcer les Houthis à s’engager dans la paix.
À de nombreuses reprises, d’éminents dirigeants du groupe Houthi ont fait allusion à l’existence d’une communication entre le groupe et le parti Al Islah – branche de la confrérie des Frères musulmans au Yémen -. Le 9 novembre dernier, le vice-ministre des Affaires étrangères du gouvernement Houthi non reconnu, Hussein Al-Ezzi, a déclaré : « Nous avons reçu des messages amicaux des frères sages du parti Al Islah », tandis que le chef Houthi, Muhammad Al-Bakhiti, a déclaré en février 2019 : « Notre cause et la cause des Frères musulmans ne font qu’un, Les défis auxquels nous sommes confrontés ne font qu’un.
4 émissaires de l’ONU se sont succédé au Yémen : Jamal bin Omar, Ismail Ould Cheikh et Martin Griffiths, en plus de Hans Grundberg, et tous n’ont pas réussi à convaincre les Houthis de répondre aux initiatives de solution pacifique, et l’escalade militaire continue à ce jour, alors que le groupe Houthi continue de mobiliser ses forces sur les différents champs de bataille de ce qui semble être un nouveau cycle de violence.
Il paraît évident aujourd’hui pour de nombreux observateurs de la crise yéménite sur l’etat d’inaction et d’inefficacité dont ont fait preuve les négociateurs du gouvernement, membre du parti Al Islah, parti des frères musulmans lors des multiples cycles de consultations, ont plus profité aux Houthis qu’aux autres.
Dans ce schéma de rapport de forces, il paraît évident selon de nombreux observateurs que l’absence d’activité diplomatique du gouvernement pour appuyer et argumenter sa position devant la communauté internationale servait d’avantage l’agenda politique des Houthis. Ils n’ont d’ailleurs pas suffisamment mis de la lumière devant la communauté internationale sur la tragique réalité du Yémen. Tous occupés qu’ils étaient à s’emparer des postes diplomatiques d’influence pour défendre leurs propres intérêts plutôt que d’aider le Yémen à sortir de cette terrible crise.