Les interventions télévisées du président algérien Abdelmadjid Tebboune sont devenues un must à regarder, tellement elles révèlent la vacuité d’un pouvoir qui a fait du délire d’Etat une ligne de conduite.
Outre qu’elles révèlent aux yeux des Algériens et de leurs voisins une ignorance magistrale de l’art de gouverner, elles mettent en relief la nouvelle doctrine du pouvoir en Algérie: un populisme démagogique mâtiné de gros mensonges sur le mode: plus c’est énorme plus cela a une chance de passer.
Le mensonge est donc érigé par l’ère Tebboune en doctrine d’Etat qui décrète des réalités fantasmées. Quand par exemple contre toute évidence rationnelle, Tebboune affirme sans rire que l’Algérie est « une force de frappe » qui entretient des relations solides et stratégiques avec son environnement arabe, africain, méditerranéen et européen, il commet une grande entorse à la réalité.
L’Algérie du duo Tebboune /Chengriha est au bord d’acquérir le très peu enviable statut « d’Etat voyou » et de vivre à la marge de la communauté et de la légalité internationale. Avec le Maroc, les relations sont au bord de la confrontation militaire. Avec les pays du Golfe, les relations sont au bord de la rupture depuis qu’Alger s’est jetée corps et âme dans les bras du régime iranien. Avec la France c’est la crise de nerfs permanente.
l’Algérie vit une grande solitude et un isolement politique de plus en plus grand. Et il n’y a que le président Tebboune et son ministre des Affaires étrangères pour faire le constat contraire et affirmer que le pays est dans une dynamique de coopération positive avec son entourage.
Ce gros mensonge n’a son équivalent dans la littérature diplomatique algérienne que celui dans lequel le pouvoir algérien affirme ne pas être partie prenante dans la discorde sur la Sahara marocain.
Qu’importe que d’Algérie arme, finance, parraine le Polisario. Qu’importe qu’elle mobilise toutes ses ressources et son appareil diplomatique pour promouvoir la cause des séparatistes à travers le monde, l’Algérie s’enferme dans le mensonge du pays non concerné par ce conflit. Il pousse la dialectique de ce mensonge jusqu’à refuser de participer aux tables rondes sur la question organisées par les Nations-Unies.
Mais la dernière intervention de Tebboune sur la télévision algérienne a fait couler beaucoup de salive. Nombreux sont les observateurs qui se sont posés la question de savoir pour quelles raisons le président algérien s’est abstenu de parler du Maroc dans un contexte où les diatribes et les violences verbales anti-marocaines sont devenues des rubriques obligatoires du discours algérien ?
À l’exception d’un mot de la fin où il s’est plaint que l’Algérie ait été menacée par Israël à partir du territoire marocain et des accusations fantaisistes contre le Maroc de vouloir porter atteinte au moral de l’équipe de football algérien, sur l’ensemble de son intervention télévisée, il n’a pas été question du Maroc comme s’il n’y avait aucun problème entre les deux pays. Sur ce point les points de vue des commentateurs divergent. Certains croient dur comme fer que Tebboune a évoqué la crise avec le Maroc mais que la censure militaire a supprimé ses propos de la version diffusée de l’émission. Si cette approche se vérifie, certaines voix, notamment dans l’opposition algérienne à l’étranger, comme Anouar Malek ou Hichem Aboud, croient déceler les effets d’une médiation en cours entre l’Algérie et le Maroc.
Dans un contexte extrêmement tendu entre Alger et Rabat et alors que le régime algérien bombarde quotidiennement le Maroc de ses harangues agressives, il serait totalement incongru que le président Tebboune, connu pour sa haine atavique contre le Maroc, ne puisse évoquer cette tension dans son rendez-vous régulier avec les médias algériens.
Dans l’ensemble, le régime algérien vit une très mauvaise séquence. La communauté internationale, de plus en plus convaincue par la solution de l’autonomie proposée par le Maroc, sera amenée à constater son isolement. Un isolement d’autant plus dangereux pour l’Algérie si la tendance de cette communauté internationale décide de classer le Polisario parmi les organisations terroristes qui menacent la paix et la stabilité dans la région.
Devant cette situation qui limite de plus en plus la marge de manœuvre du régime algérien, le président Tebboune et ses parrains militaires n’auront que des délires d’Etat à opposer. Tebboune, avec un bagout démagogique inné, s’est révélé être la parfait producteur de ses mensonges, la parfaite incarnation de ses obsessions.