Près de trois décennies après l’entrée en vigueur de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), ses 197 signataires se retrouvent à Glasgow du 1er au 12 novembre pour traiter de l’urgence de s’adapter aux changements climatiques.
Présentée par nombre d’experts comme étant « La COP de la dernière chance », leurs avertissements semblent enfin trouver écho auprès des dirigeants du monde, sans doute alarmés par les inondations meurtrières, des incendies dévastateurs et des cyclones ravageurs partout à travers le globe.
Maintenant que l’impact est palpable, avec des répercussions qui se font sentir au niveau local permettant à tout un chacun de prendre la mesure du mal, la présidente de l’agence pour l’environnement du pays hôte, Emma Howard Boyd, a exhorté les gouvernements, les entreprises et la société à s’inscrire pleinement dans l’adaptation, estimant « qu’il est beaucoup moins coûteux d’investir rapidement dans la résilience climatique que de vivre avec les coûts de l’inaction. »
« C’est l’adaptation et la préparation aux chocs climatiques, qui sauvera des millions de vie », a-t-elle plaidé dans un rapport intitulé « s’adapter ou mourir » soumis au gouvernement britannique en amont de la COP.
La Conférence se fixe pour principal objectif d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 afin de limiter la hausse des températures à 1,5 degré, sans quoi les conséquences écologiques seraient dramatiques.
Pour le président de la COP26, Alok Sherma, « la limite de 1,5 degré Celsius est une question de survie et le monde se doit de garder cet objectif en vue ».
Une ambition qui requiert selon le Secrétariat de la CCNUCC d’accélérer l’abandon progressif du charbon, de réduire la déforestation, d’accélérer le passage aux véhicules électriques et d’encourager les investissements dans les énergies renouvelables.
L’idée étant de dépasser le stade de la déclaration d’intention pour appliquer concrètement les recommandations des COP précédentes. Le succès de cet événement « vital » en dépend, estime M. Sherma qui a affirmé que si « Paris a promis, Glasgow doit s’engager ».
Les attentes sont donc nombreuses pour cette 26ème conférence, et pour cause les États-Unis qui avaient quitté l’accord de Paris, jugé inéquitable par l’administration Trump, ont réintégré l’Accord sous l’ère Biden.
Un retour considéré comme essentiel au succès des principales négociations mondiales sur le climat. Car les dirigeants du monde devront mettre en place de nouveaux objectifs à long terme que les défenseurs de la nature veulent ambitieux et audacieux.
La Conférence sera également l’occasion d’examiner au peigne fin les Contributions déterminées au niveau national (NDC), que les États doivent présenter chaque cinq ans conformément à l’accord de Paris, afin de s’assurer que les pays tiennent leurs engagements environnementaux.
Car en dépit du consensus qui semble se dégager en faveur de l’action climatique, les incertitudes persistent quant à la mise en œuvre des engagements gouvernementaux et l’examen des NDC sera l’occasion de faire le point.
Dans cette optique, le Maroc avait soumis, en juin dernier, sa NDCau secrétariat exécutif de la CCNUCC, avec un nouvel objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) qui est de 45,5 % d’ici 2030, dont 18,3 % est inconditionnel et réalisé sans appui de la coopération internationale.
Il s’agit d’intentions qui ont été revues à la hausse, car le Royaume s’était initialement engagé, juste avant l’organisation de la COP22 à Marrakech, à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, de 42 % dont l’objectif inconditionnel était de 17 %.
Autre cible et non des moindres de la Conférence des parties sera la mobilisation de fonds. Car l’aboutissement de nombre d’objectifs liés à l’adaptation et à la neutralité carbone reste tributaire de la promesse des pays développés de mobiliser au moins 100 milliards de dollars de financement climatique par an.
Les institutions financières internationales seront donc appelées à jouer leur rôle afin de permettre aux secteurs public et privé d’avoir accès aux financements nécessaires à la réalisation des objectifs climatiques.
Enfin la réussite de l’ensemble du processus requiert une action collective et coordonnée. Pour ce faire, le meilleur atout reste le partenariat de Marrakech pour l’action mondiale en faveur du climat. Lancé en 2016, le partenariat avait pour principal objectif de catalyser l’action de l’ensemble des acteurs en matière de changement climatique et de soutenir l’implémentation de l’accord de Paris.
Cela se fait en favorisant la collaboration entre les gouvernements et les principales parties prenantes afin de réduire immédiatement les émissions de GES et d’accroître la résilience face aux impacts climatiques, dans le cadre de l’Agenda 2030 pour le développement durable.
Enfin, le coronavirus sera le dernier à avoir un impact sur les négociations, d’autant que nombre d’États ont tenté de lancer des projets respectueux de l’environnement pour assurer la reprise de leurs économies.
De plus, l’expérience grandeur nature réalisée durant le confinement lorsque la crise sanitaire était à son pic a offert des pistes de réflexion sur des moyens nouveaux de réduire les émissions de GES, grâce notamment à la désurbanisation qui a été corollaire à cette période et au télétravail qui a rendu obsolète la notion d’heures de pointe.