Le président algérien Abdelmadjid Tebboune dit avoir « ordonné » dimanche au groupe public Sonatrach de ne pas reconduire le contrat du gazoduc transitant par le Maroc et alimentant l’Espagne en gaz, sous prétexte de « pratiques à caractère hostile du royaume » voisin.
Les livraisons de gaz algérien à l’Espagne se feront désormais via et les complexes de conversion en gaz naturel liquéfié et gazoduc sous-marin Medgaz, un tuyau sous-marin traversant la Méditerranée depuis 2011. Mais dans un contexte de crise énergique mondiale, il reste à savoir si les prix ne pas vont flamber à nouveau, comme ils l’ont fait début octobre en Espagne.
« Le président Abdelamadjid Tebboune a ordonné la cessation des relations commerciales entre Sonatrach et l’Office marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) et le non renouvellement de l’accord qui expire dimanche à minuit », selon un communiqué de la présidence diffusé par la télévision publique.
L’Algerie, premier fournisseur de gaz naturel de l’Espagne, met ainsi fin au contrat d’utilisation du gazoduc Gaz Maghreb Europe (GME), qui expire le 31 octobre à minuit.
Les prix de l’énergie ont actuellement grimpé en Espagne dans le sillage des cours mondiaux. Début octobre, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez avait proposé à la Commission européenne de procéder à des « achats groupés » de gaz afin d’accroître le pouvoir de négociation de l’UE face à la flambée des prix de l’énergie.
« Si l’achat groupé de vaccins fonctionne, pourquoi n’augmentons-nous pas notre pouvoir de négociation en faisant un achat groupé et une réserve stratégique de gaz en Europe ? », avait-il préconisé.
La Commission doit présenter en décembre un paquet de propositions législatives concernant notamment le gaz. Il n’est sûr que la flambée d’octobre soit la dernière pour les consommateurs espagnols.
Depuis 1996, l’Algérie expédiait vers l’Espagne et le Portugal environ 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an via le GME.
La crise a éclaté peu après la reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël et la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara.
Alger arme et soutient financièrement les séparatistes du Polisario. Les relations diplomatiques entre le Maroc et l’Algérie sont rompues depuis août dernier.