Le G7 qui regroupe sept grandes puissances économiques a peiné mercredi à afficher son unité contre le Covid-19, entre des Etats-Unis accusant la Chine de « désinformation » et des Européens insistant sur la nécessaire coopération avec Pékin.
« Le Parti communiste chinois représente une menace importante pour notre santé et notre mode de vie, comme l’épidémie l’a clairement démontré », a déclaré le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo lors d’une conférence de presse à Washington.
Il s’exprimait à l’issue d’une réunion virtuelle avec ses homologues allemand, français, britannique, italien, canadien et japonais.
Mike Pompeo ne cesse de parler du « virus de Wuhan », du nom de la ville chinoise où le nouveau coronavirus a été détecté en décembre.
Donald Trump a, lui, évoqué un « virus chinois », au grand dam de Pékin qui refuse d’être ainsi stigmatisé. Mais le président américain a laissé entendre cette semaine sur Fox News qu’il n’utiliserait plus ce terme controversé.
Washington accuse la Chine d’avoir manqué de transparence au début de l’épidémie et d’avoir donc laissé le Covid-19 se propager dans le monde.
« Nous voulons désespérément travailler avec tous les pays du monde (…) y compris la Chine, afin de trouver des solutions pour maintenir en vie un maximum de gens » et « ensuite redresser nos économies qui ont été décimées par le virus de Wuhan », a assuré M. Pompeo.
« Mais chacune des nations qui étaient à cette réunion ce matin sont profondément conscientes de la campagne de désinformation dans laquelle est engagé le Parti communiste chinois pour tenter de se défausser », a-t-il aussitôt nuancé.
Des propos condamnés jeudi par le ministère chinois des Affaires étrangères.
« Ce politicien américain persiste à aller à l’encontre du consensus international, à stigmatiser la Chine, ainsi qu’à dénigrer et discréditer les efforts chinois de lutte contre l’épidémie », a réagi un de ses porte-parole, Geng Shuang.
« Animé de sinistres intentions, son but est de détourner l’attention et de rejeter sa responsabilité sur les autres », a-t-il lancé devant la presse.
Le journal allemand Der Spiegel avait rapporté mardi que les ministres avaient du mal à rédiger une déclaration commune face à l’insistance de Mike Pompeo pour évoquer le « virus de Wuhan ».
Et de fait, aucune déclaration commune n’a été publiée.
Dans leurs propres communiqués, les ministres français et allemand des Affaires étrangères n’ont d’ailleurs fait aucune mention des griefs contre la Chine exprimés par les Etats-Unis, qui président actuellement le G7.
Ils ont davantage insisté sur la « coordination » et la « coopération » mondiales.
Le Français Jean-Yves Le Drian « a souligné la nécessité de combattre toute instrumentalisation de la crise à des fins politiques et estimé que l’unité de tous dans la lutte effective contre la pandémie devait aujourd’hui primer sur toute autre considération », a rapporté son ministère dans un communiqué qui peut résonner comme un désaveu des insistances américaines.
Paris et Berlin ont aussi insisté sur l’aide aux « pays les plus vulnérables, en particulier en Afrique ».
Un sommet virtuel du G20 des principales puissances mondiales est organisé jeudi. Il réunira notamment Donald Trump et le président chinois Xi Jinping.