Thé amer – Le hammam pour hommes des nominations

C’est (encore) l’histoire de femmes ni tout à fait citoyennes pleines et entières ni tout à fait pot de fleurs pour faire joli. L’histoire de Marocaines qui continuent d’être marginalisées, oubliées, occultées des politiques publiques et autres programmes gouvernementaux.

Des femmes alibi ? Ce n’est pas le dernier conseil de gouvernement présidé par Aziz Akhennouch, jeudi 20 novembre, qui prétendra le contraire. Chronique d’un jeudi ordinaire, jour de réunion du conseil du gouvernement et un ordre du jour où figurent, entre autres, les nominations à des fonctions supérieures.

Cette semaine il y en a 8. Huit postes « supérieurs » à pourvoir dans des écoles et instituts de l’enseignement supérieur, maison de l’artisan, ministère de la justice, centre régional. Et devinez quoi ? Huit hommes ont été nommés à ces 8 fonctions supérieures. Sans surprise, sans un soupçon d’hésitation, sans l’ombre d’une réticence, aucune femme, cet être visiblement inférieur, ne faisait partie de la liste des nommés aux fonctions supérieures. Et comme l’ironie est l’expression polie du désespoir, on se dit que les nominations aux fonctions supérieures font une rude concurrence au hammam pour hommes…

Trêve de plaisanterie, le plus beau pays du monde est aussi celui des paradoxes. Si au Maroc les femmes ont dépassé les hommes dans l’enseignement supérieur, moins d’une femme sur cinq participe au marché du travail. Ce ne sont pas les féministes de chez nous qui l’affirment couteau entre les dents, mais le dernier rapport économique de la Banque mondiale publié sous le titre d’une impitoyable réalité « Emplois et femmes : talents inexploités, croissance non réalisée ».

Allez comprendre, les Marocaines font plus d’études que leurs concitoyens hommes, réussissent mieux qu’eux dans leurs parcours scolaires et universitaires. Mais elles sont loin derrière dans les recrutements, les promotions, les salaires.  Résultat, le très bas taux d’activité féminin nous place en position de très mauvais élève de la région MENA. Un verrou culturel enraciné que le gouvernement présidé par M. Akhennouch valide et perpétue. Et tant pis pour la Banque Mondiale qui indique que « si les femmes participaient au marché du travail, le PIB par habitant pourrait augmenter de 20 à 30% ». Non Messieurs-dames de la Banque mondiale, on ne dicte pas sa conduite à un Exécutif qui se présente comme le meilleur de tous les temps !

Ne soyons pas complètement ingrates et saluons la dernière trouvaille du ministre de la Santé, Amine Tahraoui, qui ne veut plus, mais vraiment plus, que les femmes meurent en donnant la vie. Et comme le numérique est le mot fourre-tout magique et valant davantage qu’une politique publique, ce responsable gouvernemental vient d’annoncer la très officielle mise en service d’une plateforme numérique nationale dédiée au suivi des décès maternels et néonatals.

Une innovation qui permet, en temps réel  s’il vous plaît, de « comprendre les causes profondes des décès liés à la grossesse, à l’accouchement et à la période postnatale ». Mais visiblement pas de les empêcher.  Il ne faut quand même pas demander la lune !

 

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