Alors que l’Europe tente de présenter un front uni pour rassurer les investisseurs, la mise en garde de «DSK» a plus qu’agacé l’entourage présidentiel. «Dire que les marchés vont plus vite que la construction européenne, c’est sûr», a rétorqué le président français en réponse aux mises en garde du patron du FMI. En ravalant le commentaire de Dominique Strauss-Kahn au niveau de la simple «évidence», Nicolas Sarkozy a aussi laissé entendre que «DSK» fragilisait la position européenne déjà bien précaire. «Quand il y a des ordinateurs qui prennent des ordres en quelques nanosecondes, et que les gens sur les marchés suivent le court terme et se livrent à la spéculation, a-t-il continué, il va de soi que les marchés sont toujours en avance.»
Gouvernement économique
Après cette mise au point à l’attention du chouchou des sondages pour la présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy a répondu à une question sur les déclarations souverainistes de Marine Le Pen, qui souhaite une sortie de l’euro. «Quand on manie des idées pareilles, on n’est pas responsable et pas raisonnable ! L’euro est au cœur de la construction européenne, il y a eu cinquante ans d’efforts des dirigeants politiques visionnaires pour construire la paix», a expliqué avec gravité Nicolas Sarkozy. «Qui peut croire que la France serait plus forte ? La France a une dette, imaginez ce qui se passerait !» a-t-il appuyé, évoquant le risque d’envolée des taux d’intérêt en cas de dévaluation.
Le plaidoyer de Nicolas Sarkozy était néanmoins accompagné de la réaffirmation d’un cheval de bataille de la France : la nécessité d’une gouvernance économique européenne. «Il va falloir aller plus loin pour affirmer au sein de la zone euro la convergence des politiques économiques», a-t-il expliqué, en renvoyant à la déclaration conjointe faite avec Angela Merkel à Fribourg , la semaine dernière. «Il va falloir travailler à la mise en place d’un gouvernement économique de la zone euro», a continué Sarkozy. Cela veut dire, en clair, qu’il faudra «s’attaquer aux écarts de compétitivité» entre les pays. Il a aussitôt précisé que cela ne se traduirait pas seulement par des efforts de réduction des déficits. «Il y a une politique d’innovation et de recherche, une harmonisation du statut des universités» qui sont d’autres piste possibles, a estimé Nicolas Sarkozy.