L’enracinement des populations musulmanes fait progressivement de l’islam un fait européen
Le processus d’enracinement des populations musulmanes est une réalité historique inéluctable, faisant progressivement de l’islam un fait européen. Cet enracinement met ces populations ainsi que les autorités publiques et l’ensemble des acteurs sociaux (partis, ONG, médias, …) devant plusieurs défis historiquement inédits.
– La rigueur scientifique,
– La proximité avec les acteurs de terrain,
– La coopération avec les autorités publiques des pays de résidence,
– Et last but not the least la sérénité.
A chaque fois, nous avons tenté, avec votre concours, d’échapper à la fois au dogmatisme, à la langue de bois et à l’approche polémique qui entoure trop souvent le débat sur l’islam et les musulmans d’Europe. Cette sérénité provient aussi du fait que dès l’adoption du programme d’activités du Conseil en juin 2008, quelques idées de base avaient été arrêtées par les membres de notre Conseil.
– Le constat que le processus de l’enracinement des populations musulmanes est une réalité historique inéluctable, faisant progressivement de l’islam un fait européen et que cet enracinement met ces populations ainsi que les autorités publiques et l’ensemble des acteurs sociaux (partis, ONG, médias, …) devant plusieurs défis historiquement inédits
– Sommairement, ces populations, et notamment les premières générations sont confrontées à la nécessité de prendre en compte le pluralisme politique, religieux et culturel des sociétés européennes ainsi que le patrimoine de ces sociétés et leurs traditions, marquées notamment par la laïcité. Outre cette diversité propre aux sociétés européennes, les musulmans doivent en même temps prendre en compte leur propre pluralisme ainsi que leur statut social et politique marqué par la domination. Elles sont enfin confrontées par le fait même de la vie en diaspora à des interrogations théologiques inédites.
– Pour les autorités publiques et les autres acteurs européens, le défi est de penser une gestion démocratique d’une diversification croissante de leurs sociétés, en garantissant une égalité de traitement entre les confessions historiques établies et les nouveaux cultes, mais en relevant aussi le défi éminemment politique de lutte contre les discriminations et la promotion sociale e, économique et politique des populations musulmanes, devenues européennes à part entière, di moins sur le plan formel. Conscientes à des degrés divers de ces nouveaux enjeux, les Etats européens sont en même temps, confrontées à une triple contrainte : la pression sécuritaire, la visibilité polémique de l’islam dont laquelle les médias jouent un rôle important et l’instrumentalisation politicienne de la question musulmane, devenue un marquer récurrent des échéances électorales.
– Pour les pays d’origine enfin l’enjeu est de penser les nouveaux rapports à établir avec une émigration qui a connu une expansion démographique fondamentale, qui s’est mondialisée et féminisée, dont la pyramide sociodémographique a été bouleversée avec le vieillissement des premières générations et l’émergence des nouvelles générations, qui s’enracine dans les pays de résidence tout en souhaitant maintenir des liens culturels et affectifs avec la terre des ancêtres. Ces autorités doivent en même temps faire face à des contestations d’ordre politico-religieux et à un accroissement de l’offre en termes de doctrine.
Autant de problématiques nouvelles et complexes –il y en probablement d’autres, qui exigent cet effort exigeant et modeste d’intelligibilité qu’il nous faut tous mener, de manière pluraliste e, je le répète, serein.
Cet effort peut déboucher s’il est éclairé aussi par quelques convictions que Mme Battaini-Dragony a rappelées d’entrée de jeu : l’attachement au corpus international des droits de l’Homme, en ce qu’il garantit les principes de liberté, d’égalité et de respect de la dignité. Je remercie à cet égard M. le Secrétaire général du Conseil de l’Europe et Mme Baataini –Dragony qui ont permis à ce moment de réflexion se tienne dans cette grande maison des droits de l’Homme.
C’est avec cette conviction que notre Conseil entend contribuer à cet effort de longue durée et ce n’est possible qu’avec votre concours.
Ce sera, Mesdames et messieurs, Chers amis, ma dernière remarque : insister encore une fois devant vous sur un des éléments essentiels de notre philosophie de travail : remplir notre rôle d’institution consultative et de prospective en associant le maximum d’acteurs des communautés marocaines du monde et en restant ouverts à tous nos frères humains.
Nous l’avons fait en organisant en décembre 2008 et 2009 les « Rencontres des Marocaines d’ici et d’ailleurs », avec à chaque fois plus de 400 personnes en provenance de plus de vingt pays, ou en organisant une rencontre internationale sur les retraités marocains en mai 2009 en partenariat avec douze associations de retraités avec la constitution d’un groupe inter-associatif de suivi ou enfin en préparant une rencontre sur les jeunes émigrés d’origine marocaine pour Juillet 2010.
Nous l’avons aussi fait dans le domaine culturel en invitant il y a quelques semaines, en partenariat avec les services de Si Mohamed Ameur 150 écrivains marocains du monde au Salon international du livre de Casablanca ou en travaillant avec quatre associations sur des expositions de l’histoire de l’immigration marocaine aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en France.
Colloque international : Islam en Europe : formation des cadres religieux, éducation religieuse et enseignement du fait religieux
Discours de clôture du Président du CCME