Après le discours royal du 9 mars 2011, une nouvelle ère a commencé qui sortira le politique du consensus mou pour le rendre responsable de ses actes, de ses choix et de sa gestion gouvernementale.
La nouvelle dynamique politique marocaine, qui prend ses fondements juridiques dans la nouvelle constitution, présage l’entrée dans le véritable jeu démocratique avec ses alternances, ses alliances et ses compromis.
La notoriété et la probité supplanteront la notabilité héritée ou réaménagée et le politique ne pourra plus se reposer sur une éventuelle intervention des institutions de l’Etat pour se garantir une place de représentant du peuple ou travestir le discours religieux pour sacraliser son action et mobiliser les foules.
Le Maroc est désormais dans une phase de rationalisation du jeu politique : le respect des institutions et des choix des électeurs, la bonne gouvernance, la capacité d’être en phase avec les réalités, la qualité des réponses apportées aux difficultés rencontrés par les citoyens et l’approche à adopter pour la défense des intérêts du pays et l’ouverture sur le monde moderne sont les quelques ingrédients qui guident aujourd’hui le citoyen dans ses choix politiques, culturels et sociaux.
Le discours moralisateur n’est plus en phase avec les réalités sociales, économiques et politiques du Maroc moderne. Ce sont de nouvelles formes de régulation qui contribueront au respect des droits et de la dignité humaine. Issues d’une action participative et s’inspirant d’une longue pratique historique et sociale. Le Maroc en a fait référence en les constitutionalisant. C’est le cas par exemple du Conseil national des droits de l’Homme, de l’autorité chargée de la parité et de la lutte contre toutes formes de discrimination, la Haute autorité de la communication audiovisuelle, du Conseil de la concurrence et l’Instance nationale de probité et de lutte contre la corruption.
Le contexte marocain est différent de celui qui était à l’origine de la démocratie chrétienne en Europe. Cette dernière a puisé ses ressources dans les effets de la marginalisation de l’Eglise catholique et la volonté militante et contestataire de celle-ci afin de trouver une place au sein d’une société marquée par l’anticléricalisme. La constitution marocaine donne au religieux la place qu’il lui convient dans une société ayant construit un consensus autour d’un seul référent religieux incarné dans l’institution d’Amir al-Mouminine.
L’AKP turque ne peut être un exemple à suivre au Maroc car la gestion cultuelle marocaine est sur plusieurs points très avancée, plus structurante et reste à l’abri des fluctuations politiques.
Cette situation spécifique marocaine, ne permet pas à un parti politique, dit islamiste, d’avoir une assise sociale importante. Un tel parti se trouve dépourvu d’argumentaires autres que moralisateurs. Son attrait est chimérique quand il est confronté aux réalités sociales, économiques et culturelles.
La dynamique marocaine visant le développement et la justice sera portée par des acteurs politiques ayant rompu avec le népotisme, la rente, la sacralisation des discours et l’utilisation de la religion pour la mobilisation des masses.
La situation du Maroc est inédite dans l’espace géographique et culturel du monde arabe et musulman. Son système politique basé depuis l’indépendance sur la diversité politique l’a prémuni contre les dérives du parti unique à l’origine des soulèvements que connaissent actuellement certains pays arabes qui sont confrontés à d’innombrables difficultés. La dynamique marocaine visant le développement et la justice sera portée par des acteurs politiques ayant rompu avec le népotisme, la rente et l’instrumentalisation de la religion pour la mobilisation des masses. Le citoyen est plus vigilant. Les nouvelles modes de communication lui procurent des espaces d’expression autrefois monopolisés et sanctuarisés.
L’engagement du Maroc dans le référentiel des normes internationales l’inscrit dans une logique de respect et d’application des traités et conventions qu’il a ratifiés. Le citoyen est de plus en plus conscient que sa voix compte et son action ne peut être ignorée ou méprisée et qu’il peut peser dans la décision publique. Ce sont quelques éléments et quelques prémices qui nous rendent confiant dans la nouvelle ère politique marocaine.