Comme dans tous les établissements scolaires, les 22 élèves de six ans de la classe "Trois religions" d’Osnabrí¼ck, dans le nord-ouest, apprennent à lire, écrire et compter. Des activités musicales et sportives figurent aussi au programme de cette classe gérée par le diocèse local.
Mais chaque lundi, durant une heure et demie, les enfants sont séparés. Les huit petits musulmans se rendent au cours de religion islamique, les deux élèves juifs au cours de judaïsme. Pour les autres, un enseignement de religion chrétienne est dispensé par une enseignante catholique.
En Allemagne, le cours de religion est obligatoire à l’école. Tous les élèves doivent y participer, sauf si les parents demandent à ce que leur enfant en soit dispensé.
"C’est une expérience révolutionnaire et un projet unique en Allemagne", s’enthousiame Sebastian Hobrack, responsable de l’enseignement de la religion juive. Il s’agit pour chaque enfant de renforcer sa propre identité religieuse et d’apprendre que le petit camarade assis à cô té fête Hanoucca et pas Noël et est circoncis et non baptisé, poursuit-il.
"L’objectif n’est pas de niveler les différences religieuses", insiste également Winfried Verburg, responsable du service éducation du diocèse catholique d’Osnabrí¼ck et père du projet. "Nous voulons que les enfants apprennent à vivre ensemble et à cohabiter en paix malgré leurs différences religieuses", poursuit-il.
Responsable notamment de l’enseignement de l’islam, Annett Abdel-Rahman, autorisée à porter le voile en cours, estime fondamental d’"éveiller les enfants au respect des autres religions".
Mais des opposants à cette classe font valoir que la cohabitation de différentes religions dans la cour de récréation est déjà une réalité dans de nombreux quartiers à forte population immigrée. Pour eux, cette classe renforce la ségrégation, plus qu’elle ne favorise l’intégration.
L’idée a vu le jour il y a trois ans alors que la survie de l’école catholique était menacée en raison du trop faible nombre d’enfants catholiques inscrits. Le diocèse a alors décidé de monter un nouveau projet.
"L’intégration, c’est quand un enfant accepte ce principe: j’ai le droit de faire ou de penser ça et l’autre qui n’a pas la même religion que moi a exactement le même droit", se défend Claudia Sturm, inspectrice de l’enseignement auprès du diocèse.
Lors des fêtes comme Yom Kippour ou Pessa’h, les enfants juifs sont dispensés de cours. Pour l’Aïd, ce sont les musulmans qui restent à la maison. "Aux autres enfants nous expliquons pourquoi leurs camarades ne sont pas là, nous expliquons ce qu’ils fêtent", souligne Claudia Sturm. Pas question non plus d’organiser une fête de classe un samedi ou lors du ramadan.
Depuis la rentrée, les plus grosses difficultés ne se situent pas dans la salle de cours mais… à la cantine.
"Quand on a servi aux enfants musulmans de la soupe aux pommes de terre et à la saucisse, ils ont dit qu’ils ne pouvaient pas en manger", rigole Annett Abdel-Rahman, "J’ai dû leur expliquer que ce n’était pas du porc".
Les plats cuisinés pour les enfants ne sont pas kascher, mais pour la vaisselle, les responsables scolaires ont choisi le verre et non la porcelaine qui ne peut pas être cachérisée.
"Pour les anniversaires, nous avons établi une liste afin que les parents sachent quels gâteaux pourront être mangés par tous", ajoute-t-elle. "Ce sont les petites choses du quotidien mais c’est exactement de cela dont il s’agit dans notre école".