Yémen: 16 morts dans une attaque contre un hospice des soeurs de Mère Teresa
Des hommes armés ont semé la terreur vendredi dans un hospice tenu par des soeurs de Mère Teresa à Aden, dans le sud du Yémen en guerre, tuant au moins 16 personnes dont quatre religieuses étrangères.
Aden est devenue le théâtre de fréquentes attaques de l’EI, qui gagne du terrain dans la deuxième ville du Yémen, et d’Al-Qaïda, une organisation implantée depuis plusieurs années dans le sud de ce pays.
Ces groupes jihadistes rivaux profitent du chaos dans lequel le Yémen est plongé depuis le début, il y un an, d’un conflit entre les forces du gouvernement reconnu par la communauté internationale et une rébellion chiite soutenue par l’Iran.
Des responsables de la sécurité ont indiqué à l’AFP que la tuerie avait eu lieu dans un hospice du quartier de Cheikh Othman quand quatre hommes armés ont ouvert le feu, tuant un gardien avant de lier les mains d’employés et de les abattre.
Quatre religieuses étrangères qui travaillaient comme infirmières et onze autres employés ont été tués, selon ces sources.
Il s’agit de deux Rwandaises, d’une Kenyane et d’une Indienne, d’après l’agence Fides, organe d’informations des ?uvres pontificales missionnaires, qui a précisé que leur mère supérieure a réussi à se cacher et a eu la vie sauve.
Selon Fides, qui cite le vicaire apostolique de l’Arabie méridionale Monseigneur Paul Hinder, un prêtre indien hébergé dans l’établissement depuis le saccage et l’incendie de son église est porté disparu.
"Nous n’avons jamais vu un crime d’un tel niveau de brutalité", a indiqué une source de sécurité citée par l’agence officielle sabanews.net.
Selon elle, la tuerie a duré une heure et les assaillants ont exécuté les victimes séparément à différents endroits du bâtiment.
– Attaque ‘liée à la religion’ –
Des dizaines de membres des familles des victimes ont afflué sur les lieux après le drame, d’après des témoins qui ont dit avoir entendu les cris des résidents pendant l’attaque.
Ils ont raconté à l’AFP avoir vu les corps ensanglantés des employés tués, jetés dans les couloirs et les mains attachés derrière le dos.
"Tous mes amis sont morts, mais moi, grâce à Dieu, je suis sain et sauf parce que j?étais parti pour participer à la prière du vendredi. Quand je suis rentré, j?ai trouvé tous mes amis morts", a expliqué un résident.
Pour Mgr Hinder, cette attaque contre un foyer de la congrégation catholique des "Missionnaires de la Charité", fondée à Calcutta (Inde) par mère Teresa, lauréate du prix Nobel de la paix en 1979, est "liée à la religion".
"Nous savions que la situation était difficile (à Aden) et que les soeurs couraient un risque mais elles avaient décidé de rester quoi qu’il arrive, parce que cela fait partie de leur spiritualité", a-t-il ajouté, cité par l’agence spécialisée AsiaNews.
L’ONU a affirmé vendredi que 3.081 civils ont été tués au Yémen depuis le début des hostilités en mars 2015, un chiffre qui représente environ la moitié des tués dans ce conflit.
Soutenues par une coalition arabo-sunnite emmenée par l’Arabie saoudite, les forces gouvernementales ont repris Aden aux rebelles chiites en juillet.
La ville portuaire a depuis été déclarée "capitale provisoire" du Yémen par le gouvernement mais les rebelles contrôlent toujours la capitale Sanaa et une bonne partie du nord du Yémen.
Malgré cette reconquête d’Aden, l’insécurité règne toujours dans la cité sudiste, où Al-Qaïda et l’EI agissent maintenant à visage découvert et multiplient les attentats en particulier contre les représentants de l’Etat et les forces de sécurité.
Selon un responsable de sécurité, des hommes armés ont abattu jeudi soir le leader d’une milice progouvernementale formée en 2011 pour combattre Al-Qaïda, ainsi que son frère.
Al-Qaïda tente depuis des mois de prendre le contrôle total de la route côtière reliant Aden à Moukalla (sud-est).