Visite chaotique pour Marine Le Pen au Canada

Le déplacement de la présidente du Front national a été marqué en particulier par l’indifférence des politiques canadiens à son égard.

Marine Le Pen achève vendredi une visite au Canada et à Saint-Pierre-et-Miquelon, un déplacement marqué par plusieurs péripéties, en particulier l’indifférence des politiques canadiens à l’égard de la présidente du FN, malgré son « appel à la francophonie ». Marine Le Pen a quitté Saint-Pierre vendredi matin pour Montréal, d’où elle regagnera l’Hexagone. C’est depuis la capitale québécoise, notamment, qu’elle a réagi à l’attentat ayant frappé Bruxelles mardi (au moins 31 morts), demandant une nouvelle fois la fermeture des frontières.

La présidente du Front national n’a pas été épargnée par les journalistes canadiens. Sur une émission Le Petit Journal, on peut apercevoir la journaliste Anne-Marie Dussault particulièrement incisive à l’encontre de Marine Le Pen. « Vous êtes venue donner des leçons au Canada. (…) Vous vous nourrissez de la victimisation et vous avez l’insulte au bout des lèvres à chaque moment », a-t-elle notamment déclaré.

La présidente du FN, qui omet rarement de mentionner l’outre-mer, notamment dans ses réactions aux chiffres du chômage, a passé près de deux jours à Saint-Pierre-et-Miquelon, la dernière terre ultramarine qu’elle n’avait encore jamais visitée, dans une relative indifférence des élus et responsables syndicaux locaux. « Je considère que l’outre-mer est une incroyable richesse pour la France et j’ai toujours un peu le sentiment qu’elle est peu regardée, peu considérée. » Et notamment Saint-Pierre-et-Miquelon, une « sentinelle dans l’Atlantique Nord » dont la France n’a « pas réalisé la position géostratégique majeure », a-t-elle déclaré.

Annulations

La météo capricieuse a quelque peu modifié son programme. Ne pouvant décoller pour Miquelon-Langlade, elle a dû se contenter d’arpenter la commune de Saint-Pierre à bord d’un imposant bus jaune pour écoliers de type nord-américain. Marine Le Pen a ensuite été reçue à la chambre de commerce, où elle a pu échanger avec quelques pêcheurs et une chef d’entreprise.

Les cinq jours de visite au Canada ont été plus mouvementés. Dimanche, quelques jeunes ont perturbé le début de sa conférence de presse à Montréal en déployant des banderoles pour vanter la « terre d’accueil » du Canada, qui a prévu d’accueillir sur son sol 25 000 réfugiés syriens. Mardi, le FN a dénoncé deux annulations successives de locations de salles dans des hôtels où elle devait rencontrer la presse, promettant cependant que leur présidente « ne cédera(it) pas aux intimidations ».

« Monde des Bisounours »

Marine Le Pen a également ironisé sur les « faux humanistes » du Canada, où devrait prochainement être abrogée la déchéance de nationalité alors que son extension est à l’étude en France. Elle a également dénoncé une classe politique canadienne vivant « dans le monde des Bisounours », en particulier sur le radicalisme religieux, s’attirant des commentaires peu amènes dans la presse locale.

De fait, aucun de ces « Bisounours », à commencer par les Premiers ministres canadien Justin Trudeau et québécois Philippe Couillard, n’ont souhaité la rencontrer, si ce n’est quatre personnes se réclamant du Parti québécois (souverainiste) rapidement désavouées par leur président, Pierre Karl Péladeau, pour qui « l’histoire, la doctrine et les propositions » du FN sont « aux antipodes des valeurs » de son parti.

« Appel de la francophonie »

« Des gens ont cherché à me voir, des rendez-vous ont été fixés à leur demande et ils ont été annulés. C’est cela, le terrorisme intellectuel », a-t-elle également dénoncé, accusant Justin Trudeau d’avoir interdit une visite de Bombardier. Marine Le Pen est membre de la commission sur le commerce international du Parlement européen, dont une mission était en déplacement à Montréal et à Ottawa de lundi à mercredi.

Reste son « appel de Québec », ou « appel de la francophonie », lancé dimanche et publié sur son blog. La présidente du FN y exhorte à « prendre conscience de l’envergure du monde francophone » fort de 450 millions d’habitants dans 33 pays et à « se libérer de l’alignement mondialiste », prônant notamment « le respect strict de la langue française dans les institutions internationales ».

Elle souhaite, « sous l’impulsion des États, créer une Banque francophone de développement ou Fonds francophone d’investissement (FFI) » qui serait une « institution multilatérale au service d’un développement coprofitable au sein du monde francophone ». Un discours « qui fera date », selon son entourage.

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