Violents affrontements armés à Damas

Les forces de sécurité syriennes se battaient contre des individus armés dans le quartier des ambassades et des résidences de hauts responsables du régime lundi à Damas. Au moins trois personnes ont été tuées dans ces violences sans précédent dans la capitale, étroitement contrô lée depuis le début de la contestation anti-gouvernementale il y a un an.

Les affrontements qui se sont produits dans le quartier de Mazzeh, situé dans l’ouest de Damas, illustrent l’évolution du conflit initialement pacifique. Les rebelles semblent vouloir frapper près des lieux de résidence des dignitaires du régime pour marquer des points après les victoires enregistrées par les forces de sécurité, qui ont repris le contrô le des fiefs de l’insurrection à Homs (centre) et Idlib (nord).

La capitale, jusqu’à récemment plutô t épargnée, a été le théâtre de plusieurs attentats importants qui ont visé les forces de sécurité ces derniers jours, et notamment samedi: trois attentats-suicide ont fait 27 morts. Le gouvernement impute ces actes à des "terroristes" tandis que l’opposition le soupçonne d’en être lui-même l’auteur pour tenter de la discréditer.

Les affrontements de lundi ont commencé lorsque les forces de sécurité ont pris d’assaut un appartement servant de cache à un groupe "terroriste armé" dans un immeuble évacué de ses habitants au préalable, selon l’agence de presse officielle SANA. Celle-ci a ajouté que deux tireurs avaient été tués et un troisième arrêté, et qu’un membre des forces de sécurité avait également perdu la vie.

Rami Abdul-Rahman, qui dirige l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, basé à Londres, a affirmé pour sa part que plusieurs "groupes armés de déserteurs" étaient arrivés d’une banlieue de Damas et avaient tiré sur la maison d’un général syrien. Selon lui, ils sont ensuite entrés dans un bâtiment où ils ont été pourchassés par les forces de sécurité. Il a ajouté qu’il ne savait pas si le général avait été blessé.

Un habitant de Mazzeh ayant requis l’anonymat a déclaré avoir entendu des tirs de fusils automatiques et de mitrailleuses pendant deux heures au petit matin, ainsi que trois fortes explosions. Selon lui, les affrontements se déroulaient près de l’ambassade de Suisse et de la résidence du général Assef Shawkat, vice-chef de l’état-major pour la sécurité et beau-frère du président Bachar el-Assad, dont il a épousé la soeur Bouchra.

Un activiste a déclaré que les combats avaient eu lieu près des bâtiments du Directorat de la sécurité politique, après des opérations des forces de sécurité à la recherche des assaillants.

Les Comités locaux de coordination ont signalé une forte présence des forces de sécurité et de milices pro-gouvernementales des Shahiba ainsi que de patrouilles de la police en voiture à Mazzeh. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme a fait état de 18 blessés parmi les troupes gouvernementales.

Des rebelles armés opèrent dans les faubourgs et villes de l’agglomération de Damas mais s’aventurent rarement dans le coeur de la capitale, où sont déployées de très nombreuses troupes gouvernementales. L’Armée syrienne libre (ASL), qui regroupe des milliers de déserteurs, a revendiqué plusieurs attaques passées contre les forces du régime. Son chef, le colonel Riad al-Asaad, qui se trouve actuellement en Turquie, a refusé de commenter les combats de lundi dans un entretien téléphonique à l’Associated Press.

Ces combats à Damas ont commencé quelques heures après l’arrivée dans la capitale syrienne d’une équipe envoyée par l’émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe Kofi Annan, a affirmé son porte-parole, Ahmad Fawzi. Il a ajouté que la délégation était en contact avec des responsables du ministère syrien des Affaires étrangères et qu’ils discuteraient des moyens de mettre en oeuvre les propositions de Kofi Annan pour mettre fin à la crise.

Par ailleurs, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a exhorté la Russie à se servir de son influence sur le gouvernement syrien pour obtenir la mise en place de corridors humanitaires. Jakob Kellenberger, président du CICR, a rencontré lundi à Moscou le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Après leur entretien, la porte-parole du CICR Carla Haddad Mardini a affirmé que son organisation avait "reçu des indications positives de soutien concernant ses priorités opérationnelles et sa demande d’arrêt des combats pendant deux heures chaque jour".

La Syrie menace de basculer dans la guerre civile après un an de contestation du régime Assad et la mort de plus de 8.000 personnes dans la répression, selon le bilan des Nations unies. Damas affirme être confronté à une conspiration de l’étranger visant à déstabiliser le régime alaouite.

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