Le président américain, qui s’exprimera en fin de matinée devant ses partisans à Washington, devrait une nouvelle fois crier à la fraude, comme il le fait, sans preuves, depuis le 3 novembre.
Mais les résultats sont là, et ils sont un terrible camouflet pour l’ancien homme d’affaires, qui refuse toujours de reconnaître sa défaite et est de plus en plus critiqué dans son propre camp.
Le candidat démocrate Raphael Warnock a battu la sénatrice républicaine Kelly Loeffler et est entré dans l’histoire en devenant le premier sénateur noir élu dans cet Etat du Sud.
« Ce qui s’est passé hier (mardi) soir est extraordinaire », a déclaré sur CNN ce pasteur de 51 ans d’une église d’Atlanta où officiait Martin Luther King.
L’autre démocrate en lice, Jon Ossoff, semblait lui aussi en position de créer la surprise face au sénateur républicain David Perdue.
Lors d’une déclaration mercredi matin, il a revendiqué sa victoire: « Géorgie, merci pour la confiance que vous m’avez accordée », a-t-il déclaré lors d’une brève déclaration. Les grandes télévisions américaines ne l’ont cependant pas encore désigné comme vainqueur.
Si sa victoire se confirme, Jon Ossoff deviendrait, à 33 ans, le plus jeune sénateur démocrate depuis… Joe Biden (en 1973).
Les démocrates auraient alors 50 sièges au Sénat, comme les républicains. Mais comme le prévoit la constitution, la future vice-présidente Kamala Harris aurait le pouvoir de départager les votes, et donc de faire pencher la balance du côté démocrate.
Les performances démocrates dans ce grand Etat du Sud traditionnellement conservateur représentent un terrible revers pour le Grand Old Party. Et si la double victoire se confirme, les républicains, après avoir perdu la Maison Blanche, verraient la prestigieuse chambre haute leur échapper.
Trump, pressions sur Pence
Galvanisés par la victoire de Joe Biden dans l’Etat le 3 novembre, une première depuis 1992, les démocrates ont réussi à mobiliser leurs électeurs, en particulier afro-américains, clés pour toute victoire démocrate.
Signe des grands enjeux, les présidents élu et sortant avaient fait lundi le déplacement sur le terrain.
Ces élections partielles pourraient être « votre dernière chance de sauver l’Amérique telle que nous l’aimons », avait tonné Donald Trump à Dalton. En vain.
Dans un étonnant télescopage, le Congrès se réunira mercredi en début d’après-midi pour enregistrer formellement le vote des grands électeurs en faveur de Joe Biden.
L’issue de cette obligation constitutionnelle ne fait aucun doute: Joe Biden deviendra président.
Mais la croisade de Donald Trump donne à cette journée une tonalité particulière.
Si certains poids lourds républicains ont fini par admettre la victoire du démocrate, des dizaines d’autres parlementaires ont promis d’exprimer leurs objections mercredi, et de faire résonner les allégations de fraude au sein même du Capitole.
M. Trump a de nouveau fait pression mardi sur son vice-président Mike Pence, auquel reviendra le rôle protocolaire de déclarer Joe Biden vainqueur.
« Le vice-président a le pouvoir de rejeter les grands électeurs choisis de façon frauduleuse », a tweeté le président. A tort.
Mike Pence présidera bien la séance conjointe de la Chambre des représentants et du Sénat qui officialisera le vote de 306 grands électeurs en faveur de Joe Biden contre 232 pour Donald Trump.
Mais, selon la Constitution, son rôle consiste à « ouvrir » les certificats envoyés par chacun des 50 Etats pour transmettre les votes de leurs grands électeurs. Seuls les élus peuvent contester les résultats dans certains Etats.
Reste que les injonctions présidentielles placent Mike Pence dans une position délicate, après trois ans et onze mois de loyaux services.
Joe Biden, lui, s’est largement gardé de commenter cette pression sans précédent autour d’une journée qui relève d’ordinaire d’une formalité.
Mercredi, il a prévu de faire un discours… sur l’économie.