Sanofi est proche d’un accord avec l’Union européenne (UE) pour lui fournir 300 millions de doses d’un éventuel vaccin contre le coronavirus, tout en préparant des collaborations similaires avec d’autres pays dont les Etats-Unis, a annoncé lundi le laboratoire français.
« Nous sommes en négociations très avancées avec l’Union européenne », a déclaré à l’AFP Olivier Bogillot, le président France du groupe pharmaceutique, sans donner davantage de précisions sur cet accord qui pourrait être finalisé « dans les prochains jours ou semaines ».
Un hypothétique vaccin, encore loin d’être au point, pourrait faire l’objet d’essais dès la rentrée.
Le dirigeant a aussi indiqué que son groupe était en discussions avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni et qu’il collaborait avec l’Alliance mondiale pour les vaccins et vaccinations — sans détailler combien de doses pourraient être réservées à chaque Etat.
« Notre objectif est de travailler avec l’ensemble des Etats pour que ce vaccin soit distribué pour tous et simultanément », explique M. Bogillot.
Sanofi avait créé une vive polémique en mai lorsque son directeur général, Paul Hudson, avait envisagé de favoriser les Etats-Unis pour la distribution d’un éventuel vaccin, après un financement de Washington.
Le laboratoire français développe actuellement deux vaccins, à partir de deux technologies différentes, contre le Covid-19. Celui concerné par l’accord avec l’Union européenne – développé avec le britannique GSK -, utilise la technologie dite de l’ADN recombinant, déjà utilisée pour un vaccin antigrippal.
Il devrait faire l’objet d’essais cliniques en septembre et être disponible au premier semestre de 2021. Le groupe dit pouvoir en produire jusqu’à un milliard de doses par an.
Pour les Européens, les doses seront produites en Europe, notamment sur plusieurs sites de Sanofi en France, indique M. Bogillot.
Risque financier
Plusieurs laboratoires ont déjà passé des accords de ce type. Par ce biais, les entreprises pharmaceutiques, qui investissent notamment pour préparer leur outil de production sans savoir si le vaccin potentiel se matérialisera jamais, limitent le risque financier que l’opération comporte.
En échange, les pays contributeurs s’assurent un approvisionnement alors que la compétition pour l’accès à un vaccin est mondiale.
A la clef, cet arrangement offre « de la visibilité » pour que les groupes pharmaceutiques « puissent organiser leur production », a commenté auprès de l’AFP Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’Industrie. Produire un vaccin à cette ampleur « peut conduire à réinvestir sur certains sites » en France et en Europe, a-t-elle également fait valoir.
Le mois dernier, la France, avec trois autres pays européens (Italie, Allemagne, Pays-Bas), avait déjà signé avec le laboratoire britannique AstraZeneca, qui pourrait réserver jusqu’à 400 millions de doses d’un vaccin aux pays membres de l’UE.
Si AstraZeneca avait indiqué qu’il facturerait son vaccin à prix coûtant, autour de deux euros la dose, Sanofi dit attendre les résultats de ses essais cliniques.
« A ce moment-là, une fois que l’on aura la dose, le schéma posologique et les coûts de production – qui dépendront du taux d’antigènes dans le vaccin -, on pourra définir un prix », estime M. Bogillot.
« Si le prix permet d’avoir un peu de marge, on l’investira immédiatement pour encore améliorer les capacités de production », ajoute-t-il.
« Il y a un enjeu de réussite ou d’échec de la recherche, donc il faut avoir un ensemble de solutions possibles sur des technologies différentes », a de son côté souligné Mme Pannier-Runacher, précisant que d’autres collaborations pourraient être trouvées.
Le gouvernement américain a de son côté multiplié les annonces de financement aux laboratoires dans le cadre de son opération « warp speed », afin de vacciner les Américains en priorité.