L’UE étudie des options pour sanctionner Ankara
L’UE a manifesté son mécontentement lundi face aux agissements de la Turquie et étudie des options pour contraindre Ankara à respecter ses obligations internationales.
L’UE a manifesté son mécontentement lundi face aux agissements de la Turquie et étudie des options pour contraindre Ankara à respecter ses obligations internationales. Mais son action est limitée par la crainte d’une nouvelle crise des réfugiés, si la Turquie décide de leur ouvrir ses frontières vers l’Europe, fermées depuis l’accord de 2016.
Le chef de la diplomatie européenne a reconnu qu’il n’avait pas été possible de trouver une position commune face à Ankara au cours de la première réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne organisée à Bruxelles depuis quatre mois.
« Je présente mes propres conclusions », a précisé Josep Borrell au cours de sa conférence de presse.
« Nos relations avec la Turquie sont mises à mal avec les mesures unilatérales de la Turquie qui vont contre nos intérêts », a-t-il souligné. « Ces mesures doivent cesser », a-t-il averti.
M. Borrell s’est rendu à Ankara il y a une semaine et ses entretiens avec le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu ont été difficiles.
Plusieurs ministres ont dit leur préoccupation et leur inquiétude face aux décisions prises par le pouvoir turc.
Mais tous ont insisté sur l’importance du partenariat avec la Turquie, également membre de l’Otan.
Un lourd contentieux oppose néanmoins Ankara et ses partenaires de l’UE.
La Turquie soutient militairement le gouvernement d’union nationale en Libye et est accusée de violer l’embargo des Nations unies sur les livraisons d’armes à ce pays.
Ankara mène par ailleurs des forages dans la zone économique maritime de Chypre jugés illégaux et sanctionnés par l’UE.
La Turquie combat en Syrie les forces kurdes, alliées à la coalition internationale contre l’Etat islamique, à laquelle appartiennent plusieurs membres de l’UE.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan est par ailleurs accusé de violer les droits de l’homme dans son pays et sa décision de transformer en mosquée l’ex-basilique Sainte-Sophie, un haut lieu de l’orthodoxie, est vécue comme une « provocation » en Grèce.
– Changer la dynamique –
Josep Borrell l’a invité à « reconsidérer et a annuler la décision » de convertir à nouveau Sainte Sophie en mosquée.
« Nous devons changer la dynamique de confrontation et créer un climat de confiance », a-t-il plaidé.
Josep Borrell a annoncé avoir reçu « un large soutien pour préparer des mesures adéquates afin de répondre aux défis posés par la Turquie ». Il a indiqué étudier des options qui pourraient être soumises aux ministres lors de leur réunion informelle fin août en Allemagne.
« Il y a une grande unité de vues pour avoir des clarifications de la part d’Ankara, s’agissant du respect de la souveraineté des Etats européens, comme des engagements pris lors de la Conférence sur la Libye à Berlin, en particulier en ce qui concerne le respect de l’embargo sur les armes », a confirmé le chef de la diplomatie française Jean-Yves le Drian dans un communiqué.
« Nous avons demandé au Haut Représentant, Josep Borrell, de nous faire rapidement des propositions sur les options et leviers possible », a-t-il précisé.
Des sanctions sont considérées pour les violations avérées de l’embargo de l’ONU en Libye, a-t-on précisé de source diplomatique.
La Turquie rejette ces accusations. Le chef de la diplomatie turque a mis en garde Josep Borrell lors de leur entretien. Il a reproché à l’UE de lier la question des migrants et les tensions en Méditerranée orientale et prévenu qu’en l’absence de progrès dans les discussions, « la Turquie continuera de ne pas retenir ceux qui veulent partir » en Europe.
L’annonce au début de l’année par la Turquie de l’ouverture de la frontière avec la Grèce a provoqué l’afflux de dizaines de milliers de migrants.
La menace est prise très au sérieux en Allemagne. La chancelière Angela Merkel ne veut pas d’une nouvelle crise des migrants pendant le semestre de sa présidence de l’UE, a confié à l’AFP un responsable européen. Un nouveau financement de 485 millions d’euros proposé par la Commission européenne vient d’être approuvé par le Parlement européen pour aider les quelque 4 millions de réfugiés syriens installés en Turquie.