Universités en France : les étudiants étrangers devront payer plus cher

Le gouvernement veut attirer davantage d’étudiants internationaux en France: d’un côté en augmentant les frais de scolarité des jeunes extra-européens pour améliorer les conditions d’accueil, et de l’autre en finançant davantage de bourses, des mesures contestées par les syndicats étudiants.

La France ambitionne de porter d’ici 2027 à 500.000 le nombre d’étudiants étrangers qu’elle accueille chaque année, contre un peu plus de 300.000 actuellement, a déclaré lundi le Premier ministre Edouard Philippe en présentant cette stratégie d’"attractivité".

Premier pays d’accueil non anglophone, la France est la quatrième destination mondiale pour les étudiants internationaux, après avoir perdu sa troisième place ces dernières années au profit de l’Australie.

Malgré une remontée depuis 2016, le nombre d’étudiants étrangers a baissé de 8% entre 2010 et 2015. "La France conserve des points d’attractivité mais on voit un début de décrochage", souligne-t-on à Matignon.

"Nous pouvons faire beaucoup mieux", a affirmé Edouard Philippe en présentant la stratégie baptisée "Bienvenue en France", qui vise à mieux accompagner l’arrivée des étudiants étrangers en France.

La politique des visas va être "améliorée", avec des formalités simplifiées et accessibles en ligne. Le nombre d’étudiants ayant accès à des cours en anglais, ainsi qu’aux cours de français langue étrangère (FLE), sera doublé. Chaque étudiant étranger se verra désigner un référent pour l’accompagner.

Un label sera attribué aux établissements remplissant certaines conditions d’accueil et l’accès aux logements étudiants sera facilité. Il s’agira de "simplifier la vie des étudiants sur place", résume-t-on au ministère de l’Enseignement supérieur.

Un fonds d’amorçage doté de 5 millions d’euros sera mis en place en 2019 pour permettre aux universités de mener les premiers projets. Un fonds de soutien de 20 millions d’euros prendra ensuite le relais.

Mais la principale mesure, qui suscite des inquiétudes parmi les syndicats étudiants, est une hausse des frais de scolarité des étudiants extra-européens à l’université.

Actuellement, ces étudiants (une centaine de milliers) paient les mêmes droits que les étudiants français, soit 170 euros pour une année de formation en licence, 243 euros en master et 380 euros en doctorat.

A partir de la rentrée 2019, ils devront s’acquitter de 2.770 euros en licence et 3.770 euros en master et doctorat, selon le gouvernement, soit "un tiers du coût réel" d’un étudiant étranger pour les finances publiques.

Cette hausse permettra notamment d’augmenter le nombre de bourses ou d’exonérations de droits d’inscriptions, qui bénéficieront à "15.000 étudiants dans les mois qui viennent", venant principalement de pays en développement (contre 7.000 aujourd’hui).

Au final, avec d’autres accords d’exemptions, "un étudiant international sur quatre pourra bénéficier d’une exonération ou d’une bourse", selon le gouvernement. Il s’agit d’un "choix mesuré", a plaidé le Premier ministre.

"Nous resterons très en-dessous des 8.000 à 13.000 euros de nos voisins néerlandais et des dizaines de milliers de livres en Grande-Bretagne, et de la plupart des pays européens, sans évoquer bien sûr la situation sur la continent nord- américain", a-t-il souligné.

Paradoxalement, le faible coût des frais de scolarité en France décourageait aussi certains candidats, qui s’inquiétaient de la qualité des enseignements, a-t-on souligné à Matignon.

Seuls les étudiants résidant hors de l’Espace économique européen sont concernés: les étudiants venant de l’EEE continueront eux à payer les mêmes frais qu’un étudiant français, en vertu des règles européennes.

Ces annonces ont été vivement critiquées par les deux principaux syndicats étudiants français. "Ce n’est pas aux étudiants de contribuer au sous-financement de l’enseignement supérieur par l’Etat", s’indigne ainsi le premier syndicat étudiant, la Fage.

Une hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers va entraîner "un renforcement de la précarité sociale et une fermeture des portes de l’enseignement supérieur français", prévient de son côté l’Unef.

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