Trump sur le meurtre de Khashoggi : « c’était très violent, très brutal et horrible »
Le président des Etats-Unis Donald Trump a affirmé qu’il disposait de l’enregistrement du meurtre de Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien d’Istanbul début octobre, mais qu’il ne souhaitait pas l’écouter car son contenu est « très violent ».
Vendredi, depuis la Californie, il a assuré qu’un "rapport complet" sur ce dossier lui serait remis dans les jours à venir.
"Nous avons l’enregistrement, je ne veux pas l’écouter (…) car c’est un enregistrement de souffrance", a-t-il déclaré dans un entretien à Fox News diffusé dimanche.
"J’ai été intégralement briefé, il n’y aucune raison pour que je l’écoute", a-t-il poursuivi. "Je sais exactement ce qui s’est passé (…) c’était très violent, très brutal et horrible".
Réfugié aux Etats-Unis après être tombé en disgrâce à Ryad, Jamal Khashoggi a été tué le 2 octobre par des agents saoudiens dans le consulat de son pays à Istanbul. Cette affaire au retentissement mondial a considérablement terni l’image du royaume sunnite, allié historique de Washington et premier exportateur mondial de pétrole.
L’Arabie saoudite a, à plusieurs reprises, changé sa version officielle sur ce qui était arrivé au journaliste une fois franchie la porte du consulat.
Mi-novembre, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait annoncé avoir partagé, notamment avec Ryad, Washington, Paris et Berlin, des enregistrements réalisés dans le consulat au moment du meurtre.
M. Erdogan a plusieurs fois affirmé que l’ordre de tuer M. Khashoggi avait été donné "aux plus hauts niveaux de l’Etat" saoudien. Il a écarté la responsabilité du roi Salmane, mais la presse et des responsables turcs anonymes ont incriminé son fils, le prince héritier Mohammed ben Salmane, surnommé "MBS".
"MBS vous a-t-il menti ?"
Selon le Washington Post et le New York Times, la CIA a conclu que "MBS" avait commandité l’assassinat de M. Khashoggi. Le département d’Etat a assuré samedi que les Etats-Unis n’avaient, à ce stade, abouti à aucune "conclusion définitive" sur les responsabilités dans ce meurtre.
Le prince, qui conteste toute implication, "vous a-t-il menti", a demandé le journaliste de Fox News au président des Etats-Unis ?
"Je ne sais pas. Qui peut véritablement savoir ?", a répondu M. Trump.
"Il m’a dit qu’il n’avait rien à voir avec cela. Il me l’a dit peut-être cinq fois, à différentes occasions, y compris il y a quelque jours", a-t-il ajouté.
Rappelant que les Etats-Unis avaient annoncé des sanctions financières ciblées contre des responsables saoudiens, il a aussi longuement insisté sur le fait que l’Arabie saoudite était un allié précieux.
"Je veux rester avec un allié qui, à de nombreux égards, a été excellent", a-t-il dit.
"Ils sont un allié véritablement spectaculaire en termes d’emplois et de développement économique", avait-il déjà souligné samedi. "Je suis président, je dois prendre beaucoup d’éléments en compte".
Pour parvenir à ses conclusions, rapporte le Washington Post, la CIA s’est notamment appuyée sur un appel entre Jamal Khashoggi et le frère du puissant prince héritier, ambassadeur saoudien aux Etats-Unis.
Selon le quotidien, ce dernier, Khalid ben Salmane, a conseillé au journaliste de se rendre au consulat saoudien à Istanbul, lui assurant qu’il ne lui arriverait rien.
Le Washington Post, pour lequel collaborait M. Khashoggi, ajoute qu’il avait passé ce coup de téléphone à la demande de son frère.
Khalid ben Salmane a très rapidement réfuté avec fermeté ces allégations. "C’est une accusation grave qui ne devrait pas être laissée à des sources anonymes", a-t-il écrit sur Twitter, assurant n’avoir jamais discuté d’un voyage en Turquie avec le journaliste.