C’est de loin le dossier le plus délicat du processus de paix lancé à l’initiative des Russes et des Américains, dans l’esprit de l’accord du 30 juin 2012 sur la mise en place d’une autorité de transition associant les deux camps syriens.
Mais entre-temps il semble que beaucoup d’eau ait coulé sous les ponts : alors que la situation sur le terrain tourne plutôt à l’avantage du pouvoir, les adversaires de Bachar al-Assad paraissent plus fragilisés que jamais après le retrait du Conseil national syrien et le boycott des pourparlers par l’opposition de l’intérieur.
Pis encore, le principe même d’instauration d’un organe de transition, vaguement évoqué dans le communiqué de Genève I, est interprété différemment par les deux camps pas plus qu’il divise les grandes puissances.
Si aux yeux de l’opposition, tout gouvernement de transition serait impossible sans le départ d’Assad, Damas reste en revanche ouvert sur toutes discussions au sujet d’un cabinet élargi en affirmant qu’"il reviendra aux Syriens de choisir leur président".
"Nous allons commencer à parler de la transition de la dictature à la démocratie", a déclaré Louai Safi, membre de la délégation de l’opposition peu avant la troisième journée de négociations.
M. Safi estime que c’est à présent l’occasion de voir "si le régime va choisir un accord sur une solution politique ou bien une solution militaire".
Samedi, les négociations inter syriennes ont tourné autour des questions humanitaires et la situation dans la ville Homs où des milliers de Syriens vivent depuis juin 2012 dans des conditions affreuses et manquent horriblement de nourriture et de médicaments.
Sur ce dossier, M. Brahimi a fait état d’un accord de principe sur l’envoi de convois humanitaires à Homs et l’amélioration de la situation de la population.
La délégation de l’opposition a estimé qu’il s’agit là d’un "test" du sérieux du régime dans les négociations à venir.
Pourtant, l’opposition a tenu à affirmer que "le motif de notre présence n’est pas d’ouvrir un corridor ici ou là, mais de parler de l’avenir de la Syrie".
Depuis le début il y a trois ans du mouvement de contestation qui a dégénéré en guerre civile dévastatrice avec son cortège de victimes et de millions de déplacés, les ONG humanitaires et de défense des droits de l’Homme ont fait état de milliers des prisonniers et des disparus.
Ils sont autour de 17.000 portés disparus dont le sort reste inconnu, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.
