Renault: vers un nouveau mandat de Carlos Ghosn, avec Thierry Bolloré en n°2
Le patron de Renault, Carlos Ghosn, va briguer un nouveau mandat de PDG du constructeur automobile français, avec le soutien de l’Etat, et devrait désigner Thierry Bolloré comme numéro deux et possible successeur.
Selon cette source, l’Etat français, qui détient 15,01 % du capital de Renault et 21,93 % des droits de vote, avait "demandé deux choses à Carlos Ghosn", dont le mandat expire au printemps. "La première c’était de désigner quelqu’un pour éventuellement lui succéder chez Renault, dans un processus progressif, numéro deux, puis PDG…".
Or, selon une source proche de Renault, confirmant des informations de presse, l’actuel directeur délégué à la compétitivité, Thierry Bolloré, 54 ans, tiendrait la corde pour être proposé jeudi comme numéro deux. "Cette solution conviendrait à l’Etat", dit-on à Bercy.
Une autre source, proche du constructeur, estime aussi "probable" que le conseil d’administration de jeudi "acte la résolution du renouvellement de mandat de M. Ghosn et la nomination d’un numéro deux".
Outre la désignation d’un dauphin potentiel, la deuxième chose réclamée par l’Etat à M. Ghosn était "une feuille de route pour consolider l’alliance Renault-Nissan, pour qu’elle se traduise par une meilleure intégration des deux entreprises, toujours dans le même but, préparer l’avenir", selon le porte-parole du ministère des Finances.
Sur ce point-là, le travail n’est pas encore terminé, a-t-il cependant précisé: "on travaille toujours avec Carlos Ghosn sur la définition de cette feuille de route. On n’a pas encore tous les éléments qui nous conviennent sur la meilleure intégration des deux entreprises".
Le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, "a eu Carlos Ghosn longtemps au téléphone vendredi et ils ont discuté de tout ça ensemble", a précisé Bercy.
Numéro un mondial
L’Etat affiche sa satisfaction concernant le bilan de M. Ghosn à la tête du constructeur français, qui a affiché des ventes record (3,76 millions de véhicules) l’an dernier et qui revendique le rang de numéro un mondial de l’automobile au sein de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi (10,6 millions d’unités en 2017), devant l’allemand Volkswagen et le japonais Toyota.
"Ce serait difficile de ne pas être satisfait. L’entreprise est sur une bonne voie. Elle est numéro un mondial", estime-t-on à Bercy, même si des désaccords existent avec le PDG. Ainsi, la rémunération de M. Ghosn (7 millions d’euros en 2016) n’avait pas été approuvée par l’Etat en assemblée générale l’an dernier.
Le ministère de l’Economie insiste cependant pour préparer l’après Carlos Ghosn, qui aura 64 ans en mars, alors que l’alliance franco-japonaise repose aujourd’hui en grande partie sur sa personnalité. Bercy souhaite également conserver l’ancrage français du groupe.
Nommer un français comme numéro deux chez Renault, "c’est une bonne façon de garder cet ancrage", en tout cas, "ce n’est pas neutre", estime Bercy.
Chez Renault, on estime que Thierry Bolloré présenterait plusieurs atouts au poste de directeur général: "il connaît l’automobile, il sait travailler avec les Japonais et il connaît le fonctionnement de l’Alliance". Cet ancien de Michelin et de Faurecia, titulaire d’un MBA de Paris Dauphine, avait rejoint Renault en septembre 2012.
Le choix probable de M. Bolloré semble avoir provoqué une certaine ébullition au sein des instances dirigeantes du groupe. Le directeur à la performance, l’Allemand Stefan Mueller, considéré comme un concurrent sérieux pour le poste, est sur le départ, et l’ancien patron de Total, Thierry Desmarets, administrateur chez Renault, a annoncé qu’il quittait ses fonctions. Une coïncidence troublante, même si des sources affirment que ces départs n’ont rien à voir avec les annonces prévues jeudi.
A la Bourse de Paris, l’action Renault progressait de 0,8 % vers 15H30, à 83,30 euros, faisant un peu moins bien que l’indice phare CAC 40 (+1,24 %). (afp)