Quotas de thon rouge : L’ICCAT cherche un équilibre à la réunion d’Agadir

Les représentants des 48 pays membres de l’ICCAT (commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique), réunis en session extraordinaire du 12 au 19 novembre à Agadir, seront appelés à sous-peser les quotas de thon rouge, sur fond de divergences entre optimisme quant au rétablissement apparent des stocks, et réserves quant à la fragilité d’un spécimen menacé, il n’y a pas longtemps, dans sa survie.

Fortement surexploité depuis des décennies, le thon rouge d’Atlantique a été victime de la surpêche et de la pêche illégale, en particulier dans les principales zones de frai du thon rouge en Méditerranée, le tout sous la pression continuelle du commerce mondial.

L’ICCAT, jusqu’à très récemment incapable de répondre aux objectifs de son mandat en raison de quotas de pêche trop élevés, de la présence d’un nombre trop important de bateaux en mer et d’un manque de contrôle des captures, devra chercher un compromis sur les quotas de thon rouge autorisées durant les deux prochaines années.

Alors que les positions des pays membres oscillent selon qu’ils détiennent des bateaux de pêche de thonidés ou pas, celles des scientifiques et des ONG internationales alternent optimisme prudent et réserves prononcées.

Le comité scientifique de l’ICCAT, réuni début octobre à Madrid en Espagne, a en effet indiqué que les stocks étaient en voie de rétablissement, émettant toutefois de larges réserves sur l’ampleur de cette hausse.

Ce constat, quoique nuancé, contraste bel et bien avec celui de 1998, quand le même conseil lançait un cri d’alarme, affirmant que la surpêche menaçait la survie de ce gros poisson prédateur dont les populations de l’Atlantique du nord-est se reproduisent au printemps en Méditerranée.

En 2010, l’Union européenne est allée jusqu’à demander, sans succès, l’inscription de cette espèce sur la liste rouge de la Convention internationale sur le commerce des espèces menacées (Cites), un prélude à l’interdiction de sa commercialisation.

Depuis, la donne a changé de manière drastique. De plus de 50 mille tonnes par an dans les années 90, l’entrée en vigueur du système des quotas a ramené les prises à 28,5 tonnes, en 2008, puis à 22 mille tonnes en 2009, ensuite à 13,5 mille tonnes l’année d’après, avant de descendre à 12,9 mille tonnes entre 2011 et 2012.

Autant dire qu’à Agadir, comme à chaque réunion de l’Iccat depuis 1999, les patrons des thoniers senneurs vont faire pression sur les Etats membres pour que les quotas soient révisés à la hausse, surtout que des centaines de bateaux ont été depuis envoyés à la casse.

Sauf que, pour une ONG comme le World Wildlife Fund (WWF), "si les avancées dans la gestion durable du thon rouge d’Atlantique sont bien réelles, il est néanmoins nécessaire de continuer à suivre les avis du comité scientifique de l’ICCAT et de maintenir la pression sur les décideurs (gouvernements et industrie de la pêche) afin de s’assurer que les quotas de pêche n’augmenteront pas".

Et pour ce faire, l’ONG recommande le maintien des mesures de gestion actuelles pour la période 2013-2015, d’autant plus que "les scientifiques de l’ICCAT sont clairs cette année sur la nécessité de ne pas augmenter les quotas de pêche afin de garantir la restauration complète de stock de thon rouge", explique Dr Sergi Tudela, responsable du Programme Pêche au WWF Méditerranée.

Il s’agit aussi de revoir et de renforcer le plan actuel de réduction des capacités de flotte, car "les bateaux sont capables de pêcher encore beaucoup trop pour trop peu de poissons disponibles pour être capturés de manière durable", de continuer de lutter contre la pêche illicite, non-réglementée, non-déclarée (INN), dès lors que "des enquêtes sérieuses sur toutes les infractions possibles et des mesures adéquates pour lutter contre celles-ci sont absolument indispensables".

Le même responsable a appelé à rendre obligatoire pour les fermes d’engraissement de thon l’enregistrement, lors du transfert, de la taille de chaque poisson, puis la déclaration au comité scientifique de l’ICCAT (SCRS) pour une meilleure évaluation du stock et à développer de nouvelles méthodes conduisant à une évaluation plus fiable du stock en 2015.

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