Présidentielle en Italie : une course au Quirinal à couper le souffle
A quelques heures du scrutin, le brouillard plane toujours sur la scène politique de la péninsule. « Il totonomi », cette tradition de la presse italienne de spéculer sur tous les candidats possibles, n’a jamais été aussi haletant. Tour d’horizon des noms faisant la Une des grands tirages d’Outre Alpes.
Du côté de la droite, les calculs sont tombés à l’eau à la dernière minute. Après deux mois de campagne intense, le seul candidat officiel à la fonction, Silvio Berlusconi, a finalement renoncé à se présenter.
L’ex-premier ministre, impliqué dans deux procès, a assuré qu’il avait les voix nécessaires mais que dans un esprit de « responsabilité nationale », il avait demandé à ses soutiens de retirer son nom.
« Aujourd’hui, l’Italie a besoin d’unité », a-t-il souligné, en référence à l’épidémie de coronavirus, notant qu’il « continuera à servir son pays autrement ». Berlusconi a ainsi donné l’occasion à ses alliés de droite de choisir un candidat moins clivant mais aucun signe de consensus n’était visible malgré des négociations en coulisses ce weekend.
Pour le centre-gauche, le petit-fils du « bienheureux » Placido Riccardi, Andrea Riccardi fait parler de lui, s’imposant en force depuis samedi. Il « a le profil idéal », a défendu le président du Mouvement 5 étoiles, Giuseppe Conte, devant les journalistes.
Étalant des estimations chiffrées, Conte a estimé que leur « prétendant » dispose de fortes chances. Riccardi n’est évidemment pas un candidat partagé, tant et si bien que le secrétaire général de La Ligue, Matteo Salvini, a déjà affirmé que le centre-droit ne le soutiendra pas.
Mais son nom a l’avantage de restreindre fortement le cercle des négociations sans fin, a commenté La Stampa.
A gauche, le commissaire européen à l’Economie et l’ex premier ministre Paolo Gentiloni semble avoir le vent en poupe auprès des Azzuris. Selon un sondage réalisée par la chaîne d’information italienne “Skytg24″, 38,3% du public a approuvé sa candidature.
“Longue expérience politique et profil bas” a titré l’agence de presse italienne “ANSA” dans un portrait consacré à Gentiloni. De ses premiers pas dans la gauche extraparlementaire et dans le mouvement écologiste, le responsable européen a occupé des postes de premier plan au niveau national et régional.
Et si une femme devenait présidente de la péninsule ?
Au sein de la société italienne se fait également large l’idée « qu’une femme » devienne, pour la première fois, présidente de la République. Le « totonomi » s’est, en effet, pas mal féminisé ces derniers mois.
Les médias évoquent, dans ce sens, les noms de Marta Cartabia, de centre droit, la ministre de la Justice à l’initiative d’un gros chantier de réformes, ou encore celui de la présidente du Sénat Elisabetta Casellati du Forza Italia.
Au cœur de toutes ces tractations politiques et médiatiques, un nom est omniprésent suscitant une vive polémique. C’est celui de l’actuel premier ministre Mario Draghi, “Sauveur de l’Italie”, comme le décrit la presse locale.
Il semble favori, dans le cadre d’un jeu de chaises musicales menaçant la survie de l’exécutif. De nombreux politiciens et économistes redoutent qu’à l’élection présidentielle succède un changement de gouvernement, voire une crise politique.
Ex-président de la Banque centrale européenne, où il est crédité d’avoir sorti l’euro d’une grave crise de la dette, M. Draghi, 74 ans, a laissé entendre qu’il était intéressé, mais son élection laisserait vacant son poste actuel à un moment très délicat.
Alors que l’Italie a plus que jamais besoin de stabilité, les partis appartenant à la coalition disparate soutenant Draghi sont déjà en ordre de bataille en vue des législatives de l’an prochain. Et le chaos pourrait mettre en danger la mise en musique du volet italien du plan de relance européen post-Covid.
L’enjeu est crucial cette fois : l’Italie cherche à se relever d’une crise économique qui traîne depuis des années et qui a été aggravée par le coronavirus.