L’enquête d’Hacène Belmessous, nourrie de documents confidentiels et de témoignages d’acteurs de la "sécurité", veut démontrer que l’ «objectif caché des opérations de rénovation urbaine est de faciliter les interventions policières, voire militaires, à venir dans ces territoires ».
Le livre montre comment, à la suite des émeutes de 2005, deux nouveaux intervenants ont été enrôlés : la gendarmerie mobile et l’armée de terre. Car avec l’adoption en 2008 du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, l’idée d’un engagement des forces terrestres en banlieue n’est plus un tabou.
Selon l’auteur, « nombre d’officiers interrogés récusent ce « scénario de l’inacceptable ». Quant aux gendarmes, ils contestent ouvertement leur rapprochement avec la police, tandis que nombre de policiers, aujourd’hui en première ligne, récusent la militarisation croissante de leur action ».
Le livre juge, également, le plan pour les banlieues de Fédela Amara, secrétaire d’Etat à la Villes, comme une régression de la démocratie dans les territoires qui souffrent pourtant déjà d’un fort déficit politique, estimant que jamais les banlieues populaires n’ont été autant sacrifiées au nom d’une orientation sécuritaire.
"Mon vœu, c’est que la politique menée dans ces quartiers soit discutée dans son ensemble, sur le plan urbain comme sur le plan de la sécurité. Sarkozy pense que la France crève de ses banlieues, moi je pense qu’elle crève de sa dépolitisation", déclare l’auteur dans une interiview au site Rue89.
Hacène Belmessous, qui dit avoir reçu du ministère de l’Intérieur toutes les autorisations pour mener son enquête, précise en outre que la seule question à laquelle il n’a pas eu de réponse est : "des responsables de Tsahal, spécialisés dans la guérilla urbaine, sont-ils venus à Paris après les émeutes de 2005 pour enrichir la réflexion des Français ?"