Omar Hilale: la diplomatie algérienne souffre de schizophrénie en matière des droits de l’Homme
L’ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU à Genève, Omar Hilale, a affirmé, vendredi, que la diplomatie algérienne souffre d’une schizophrénie incurable en matière des droits de l’Homme, en persistant à critiquer la situation dans les pays voisins au lieu de se préoccuper des graves violations sur son propre territoire.
M. Hilale s’exprimait devant le Conseil des droits de l’Homme (CDH) en réaction à une déclaration de la délégation algérienne dans laquelle elle a exprimé ses « regrets » que la question des droits de l’Homme au Sahara marocain ne figure pas dans le rapport que la Haut-commissaire aux droits de l’Homme a soumis au CDH.
A cet égard, il a expliqué que la répression systématique des manifestations pacifiques des populations de Ghardia par les forces de sécurité, qui a fait plusieurs victimes, prouve le peu d’intérêt que l’Algérie accorde au respect des droits de l’Homme. Ces violations ont été dénoncées par la Ligue algérienne des droits de l’Homme, dont le militant Kamel Eddine Fekhar, accuse les services de sécurité de "racisme" et de "violations des droits humains" des Mozabites.
Citant M. Fekhar, le diplomate marocain a indiqué que "la minorité mozabite subit et vit au rythme de violations graves et périodiques de ses droits humains, depuis l’indépendance". M. Fekhar a également appelé la communauté internationale et à sa tête l’ONU, par le biais du Haut-commissariat aux droits de l’Homme, à une intervention rapide.
M. Hilale a en outre relevé que "la délégation algérienne est amnésique sur la situation des populations kabyles qui souffrent dans leurs droits politiques, économiques et sociaux, et plus particulièrement dans leur droit à l’autodétermination culturelle". "Elle aurait été mieux inspirée de s’intéresser à leur situation plutôt qu’à la situation au Sahara où les droits de l’Homme sont mieux respectés et protégés qu’en Kabylie", a-t-il dit.
Dans le même contexte, l’ambassadeur a considéré que l’Algérie devrait répondre aux multiples préoccupations exprimées par les organes du CDH et les nombreuses ONG internationales au sujet des violations et restrictions des droits de l’Homme en Algérie et dans les camps de Tindouf.
En matière de liberté d’expression et de manifestation, il a cité les rapports successifs de Human Rights Watch (HRW) et Amnesty international ainsi que le rapporteur spécial sur la liberté d’expression qui ont tous déploré les nombreuses restrictions en Algérie, y compris l’arrestations des journalistes qui osent critiquer le gouvernement.
Amnesty International, HRW et la Commission africaine des droits de l’Homme ont déploré en 2013 le harcèlement systématique des défenseurs algériens des droits de l’Homme et les restrictions imposées à leur liberté de déplacement. "C’est le cas entre autres de 96 militants empêchés de se rendre en Tunisie pour participer au Forum social et à Genève pour participer à notre Conseil", a précisé M. Hilale.
En matière de disparitions forcées, le groupe de travail sur les disparitions forcées (GTDFI) est interdit de visiter l’Algérie, à l’instar des procédures spéciales les plus importantes. Il a dans ce cadre relevé que "l’absence de coopération de l’Algérie pour élucider les milliers de cas de disparitions forcées est à la une de tous les rapports des ONG internationales et nationales".
De même, a-t-il ajouté, HRW dénonce dans son dernier rapport le climat d’intimidation et de peur exercé par les autorités algériennes pour empêcher tout développement d’organisations civiles ou syndicales indépendantes.
"Comme on peut le constater, la diplomatie algérienne souffre d’une schizophrénie incurable en matière des droits de l’homme. Puisse Dieu l’en guérir", a conclu l’ambassadeur.