Omar Balafrej invité par les GenZ 212
Le 8 octobre 2025, sur le serveur Discord GenZ 212, Omar Balafrej, ancien député de la Fédération de la Gauche Démocratique, a débattu pendant plus de deux heures avec la jeunesse marocaine, fustigeant les choix budgétaires du gouvernement et répondant négativement aux appels à son retour en politique.
Omar Balafrej, en retrait de la politique depuis 2021, est revenu sur le devant de la scène à la suite des manifestations de la génération Z au Maroc, orchestrées par le collectif GenZ 212, qui rassemble plus de 200 000 membres sur Discord. Ce mouvement, qui a débuté fin septembre 2025, proteste contre les inégalités, la corruption et la défaillance des services publics de santé et d’éducation, avec des manifestations dans plusieurs villes marocaines. Les jeunes, séduits par son franc-parler et son honnêteté, le perçoivent comme un interlocuteur sincère pour porter leurs revendications.
Dans le débat « La Politique Autrement », Balafrej a décortiqué la politique marocaine en 2025. Il a dénoncé l’investissement dans la LGV vers Marrakech, un grand projet d’infrastructure, au détriment de lignes ferroviaires vers Errachidia et Al Hoceïma, renforçant le cliché du Maroc « à deux vitesses ». Il a aussi critiqué les dépenses pour quatre stades à Rabat au détriment, selon lui, de meilleurs écoles et hôpitaux.
Balafrej a critiqué l’absence de communication et de dialogue du gouvernement actuel par rapport aux gouvernements précédents d’Abdelilah Benkirane et de Saadeddine El Othmani. Interrogé sur les partis tels que le Parti Socialiste Unifié (PSU) de Nabila Mounib, il a affirmé, sans citer de noms, que certains leaders sont là « depuis 20 ans » et devraient se retirer pour laisser place au changement. Il a noté que depuis 2011, seul un nouveau parti a vu le jour, le Parti des Néo-Démocrates, fondé en 2014 par Mohamed Darif.
Sur les appels à son retour, Balafrej a déclaré : « Pour le moment, à l’instant T, je ne veux pas revenir en politique, car ce que j’ai fait, je l’ai fait. J’ai tout donné, c’est à d’autres de faire le travail. » Il reconnaît l’échec à bâtir un parti de gauche » .
Sur le bilan du gouvernement en matière d’éducation, il a indiqué qu’on dépense 10 000 dirhams par étudiant au Maroc contre 100 000 en Espagne. Il comprend qu’on ne puisse aspirer à atteindre le niveau espagnol, mais une telle différence demeure une honte, selon lui. Pour la santé, il réclame de meilleures conditions pour les médecins en zones reculées, notamment une aide au logement, et relève un ratio de 1,65 agent de santé pour 1 000 habitants, contre 2,2 en Turquie et 3,4 en France.
Contre la corruption, il prône l’application rigoureuse de la loi existante, dénonçant une justice trop laxiste.
Balafrej a dénoncé un conflit d’intérêts flagrant dans un gouvernement de technocrates, évoquant la levée d’un plafond sur les prix des carburants au profit d’hommes d’affaires tels que Aziz Akhannouch, propriétaire d’Afriquia, et applaudissant le boycott des entreprises associées au chef du gouvernement.
Devant l’ignorance des revendications des jeunes, il répond sincèrement que le climat politique bloque le développement ; pour rétablir la confiance, il faut une détente, la libération des prisonniers politiques, la liberté d’expression et une presse libre.
Pour l’avenir de GenZ 212, Balafrej recommande : si le mouvement obtient gain de cause sur une revendication, il doit fonder son parti, car il fait déjà de la politique en persuadant la société et les décideurs politiques de changer. Il a exhorté les administrateurs à penser à l’éventualité de sortir de l’anonymat.
Il a par ailleurs salué l’appel à ne pas manifester le vendredi, jour du discours du Roi Mohammed VI en marge de la rentrée parlementaire.
Souvent accusé de surfer sur la vague GenZ 212, au même titre que Nabila Mounib et Rachid Achachi, Omar Balafrej a écarté toute possibilité de retour sur la scène politique. L’avenir le dira…
