Naïma, une immigrée marocaine cuisine pour le Premier ministre français

Naïma, une immigrée marocaine cuisine pour le Premier ministre français
Elle assure avoir "réalisé un rêve": après des années de chômage, Naïma Benazzouz, immigrée marocaine en France, a intégré les cuisines de l’hôtel Matignon, résidence du Premier ministre, grâce à une formation d’un an parrainée par le chef Alain Ducasse.

"J’ai toujours adoré cuisiner. Mais pour être honnête, je n’aurais jamais imaginé travailler dans le monde de la haute gastronomie, encore moins chez le Premier ministre", s’amuse cette mère de famille souriante et volubile qui réside à Sarcelles, une banlieue défavorisée du nord de Paris.

Chaque matin, depuis septembre, cette petite brune de 36 ans quitte pourtant son appartement pour enfiler son tablier rue de Varenne, dans le très chic VIIe arrondissement de Paris, où se trouve le siège du gouvernement de François Fillon.

A l’origine de cette embauche: Le projet "femmes en avenir", chapeauté par l’un des maîtres de la gastronomie française, Alain Ducasse, pour permettre à quinze femmes sarcelloises, pour la plupart sans emploi, de suivre une formation à l’Institut des métiers de l’artisanat (IMA).

"Un cadeau tombé du ciel", assure Naïma Benazzouz, mère de trois enfants de 5, 7 et 10 ans. Arrivée en France à l’âge de 23 ans, avec en poche un Deug d’économie (NDLR: diplô me universitaire deux ans après le bac), cette Marocaine d’origine, née dans la région de Marrakech, s’est longtemps heurtée à des difficultés pour trouver sa place dans le monde du travail.

"Mon bac était reconnu, mais pas mon Deug. J’ai fait une formation en gestion, mais avec la naissance de mes enfants, je me suis vite retrouvée sur la touche", raconte la trentenaire, qui reconnaît s’être sentie "découragée".

En avril 2010, tout bascule finalement. Informée du projet de Ducasse, Naïma postule sans hésiter. "Le recrutement était basé sur la motivation", explique-t-elle. "Pour une fois, être une femme avec enfants et habiter Sarcelles n’était plus un handicap".

Retenue parmi 84 candidates, elle effectue sa formation, en alternance, dans un restaurant gastronomique situé près des Champs-Elysées, le "Spoon". Un endroit fréquenté par de nombreux acteurs et stars du showbiz, dont elle intègre rapidement les codes et le fonctionnement.

Son investissement lui vaut d’être remarquée. "Elle était la meilleure élève de sa promotion, très appliquée", reconnaît Patrick Margery, maître cuisinier de France et enseignant à l’IMA.

Quelques semaines seulement après l’obtention de son diplô me, à l’été 2011, l’ancienne mère au foyer est contactée par Matignon. "Ils avaient eu mon numéro par Alain Ducasse. J’ai dit oui, évidemment!", sourit la cuisinière.

Un choix qu’elle dit ne pas regretter "une seule seconde", malgré la "pression" liée à son nouveau lieu de travail. "Au début, j’étais un peu perdue. Mais mes collègues m’ont rapidement prise sous leur aile", raconte Naïma, qui se réjouit d’apprendre "chaque jour de nouvelles choses".

Entrées, viandes, poissons, pâtisseries, entremets… "A l’origine, je ne connaissais que la cuisine marocaine. Aujourd’hui, je connais tous les grands classiques de la cuisine gastronomique", s’enthousiasme-t-elle.

Quant aux difficultés d’organisation dues à son nouvel emploi du temps? "Je m’en sors. Le tout, c’est de ne pas paniquer", sourit la mère de famille, qui explique être "pleinement soutenue" par son mari et ses enfants.

Ces derniers y trouvent au demeurant leur compte. "A la maison, j’essaie de refaire tous les plats que j’ai appris au travail", explique Naïma. "Ma nouvelle spécialité, c’est le moelleux au chocolat. Mes enfants sont devenus complètement accros!"

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