Portée par un sondage flatteur à deux mois des municipales, Rachida Dati prend la main sur la campagne LR à Paris en imposant sa ligne ancrée à droite, quitte à mettre sur la touche ceux qui renâclent à la soutenir, comme le maire LR du XVe en a fait les frais mercredi.
Dans une étude réalisée pour Le Figaro, la maire socialiste sortante, soutenue par la plateforme « Paris en commun », recueille 23 % des intentions de vote, Rachida Dati 20 %, Benjamin Griveaux 16 %, David Belliard 14,5 % et Cédric Villani 10 %.
Les Républicains ont finalement tranché sur le casse-tête que posait depuis des semaines cet arrondissement stratégique en investissant Agnès Evren, présidente de la fédération LR de la capitale, face au maire sortant, Philippe Goujon, baron de la droite parisienne mais qui refusait de soutenir Rachida Dati.
La décision, prise à la « quasi unanimité à deux voix près », ne vise pas à constituer une liste « contre tel ou tel », a assuré à l’AFP le président de LR Christian Jacob.
Mais « je souhaite que, comme dans tous les autres arrondissements, l’électeur parisien qui a envie de voter pour LR et pour Rachida Dati ait la possibilité de le faire », a-t-il ajouté.
M. Goujon a immédiatement déploré cette décision.
« Je suis victime d’un procès en sorcellerie » alors que « je suis fidèle à mon parti depuis toujours », a affirmé à l’AFP l’élu, maire du XVe depuis 2008 et adhérent du RPR de la première heure.
Mais M. Goujon, conscient qu’il peut ratisser plus large que le seul vivier LR, a toujours refusé de se lier les mains.
« Je soutiendrai le candidat le mieux placé pour permettre l’alternance », a répété mercredi l’ancien président de la fédération LR de Paris.
Cependant « aucun candidat ne peut gagner seul. LR n’a pas d’alliés, pas de réserves. On peut toujours claironner qu’on est à 22% au deuxième tour, ça ne suffit pas pour gagner », a-t-il assuré.
M. Goujon faisait allusion à un sondage Ifop plaçant Mme Dati (19%) derrière la maire sortante Anne Hidalgo (25%) au premier tour, et pour la première fois devant le candidat LREM Benjamin Griveaux (15%).
« chance historique de gagner Paris »
« Sans stratégie de rassemblement on laisse l’équipe municipale en place », a averti M. Goujon, qui se fait fort de parler à tous à droite, d’Edouard Balladur qui lui a apporté son soutien dimanche (« un excellent maire ») à Xavier Bertrand avec qui il a ostensiblement pris un café mercredi.
Cet automne, M. Goujon s’était même affiché sur un tract avec le député Agir Pierre-Yves Bournazel, lui-même candidat à la mairie de Paris. M. Bournazel a depuis fait alliance avec M. Griveaux mais « je ne l’ai pas suivi et je ne le suivrai pas », a assuré M. Goujon.
Du côté de Mme Dati, on assure que « depuis plusieurs semaines une dynamique s’est créée » autour de la candidate LR, « seule force d’alternance crédible à l’équipe sortante ».
« On a une chance historique de gagner Paris », affirmait le 16 janvier la candidate qui a articulé son programme sur des thématiques — sécurité, propreté, familles, logement…– familières à droite, et qui séduisent sans doute une part de l’électorat de M. Griveaux.
Sa percée, qui réactive le clivage droite/ gauche mis en sourdine avec l’ascension des candidats LREM, fait aussi rêver une droite nostalgique de l’époque, avant 2001, où elle régnait sur l’Hôtel de Ville.
« Son projet est plutôt bien accueilli » et « nous donne des espoirs raisonnables », s’est félicité mardi Christian Jacob.
Pour entretenir sa dynamique, la candidate LR a lancé mercredi une « opération exceptionnelle de mobilisation » sur les réseaux sociaux.
Côté têtes de listes, Mme Dati peut compter avec Mme Evren sur une candidate qui l’avait rejointe « dès le début de la campagne ». Elle a aussi fini mercredi de constituer ses troupes, avec dans le XVIe l’avocat Francis Szpiner. Il devrait avoir face à lui une dissidente: mercredi, une sénatrice LR de Paris, Céline Boulay-Espéronnier, a indiqué sur Twitter qu’elle conduirait également une liste.
Dans le XIe, le candidat initialement désigné, François Demas, s’est retiré pour « des raisons de santé », remplacé par la directrice de campagne de Rachida Dati, Nelly Garnier. Avec ce changement de casting il n’y a désormais plus aucune tête de liste issue des rangs de Libres!, le mouvement de Valérie Pécresse.