Mohammed VI: le Maroc se développe à un rythme soutenu, mais vit un paradoxe irrécusable, «difficile à admettre»

Le Maroc se développe à un rythme soutenu, mais vit un paradoxe irrécusable, "difficile à admettre", a affirmé le Roi Mohammed VI dans Son discours adressé samedi à la Nation, à l’occasion du 18è anniversaire de la Fête du Trône.

« Le Maroc, Dieu soit loué, se développe à un rythme soutenu. Clair et manifeste, ce progrès est unanimement attesté dans les domaines les plus divers », s’est félicité le Roi, avant d’ajouter que, « Cependant, nous vivons aujourd’hui un paradoxe irrécusable, mais difficile à admettre ».

En effet, d’une part, le Maroc jouit d’une « grande crédibilité » à l’échelle continentale et internationale, et bénéficie de l’estime de ses partenaires, de la confiance de grands investisseurs comme « Boeing », « Renault » et « Peugeot », a précisé le Souverain, déplorant que « d’autre part, Nous constatons avec contrariété que, dans certains secteurs sociaux, le bilan et la réalité des réalisations sont en-deçà des attentes ».

« N’a-t-on pas honte de signaler que ces résultats sont le fait du Maroc d’aujourd’hui ? », s’est indigné SM le Roi.

Mettant l’accent sur la réussite du Maroc dans la mise en œuvre de nombreux plans sectoriels comme ceux de l’agriculture, de l’industrie et des énergies renouvelables , le Roi a toutefois fait remarquer que les projets de développement humain et territorial, qui « ont un impact direct sur l’amélioration des conditions de vie des citoyens, ne Nous font pas honneur et restent en-deçà de Notre ambition ».

A cet égard, le Souverain a expliqué que dans bon nombre de domaines, cet état de choses tient essentiellement au faible niveau du travail en commun et à l’absence d’une vision nationale et stratégique, et résulte aussi du fait que la dysharmonie l’emporte trop souvent sur la cohérence et la transversalité, que la passivité et la procrastination remplacent l’esprit d’initiative et l’action concrète.

Pour le Roi, cette réalité paradoxale est encore accentuée lorsqu’on établit un parallèle entre, d’une part, le secteur privé rendu efficient et compétitif grâce à un modèle de gestion organisé autour des notions de suivi, de contrôle et d’incitation, et, d’autre part, le secteur public, en particulier l’Administration publique, qui souffre d’une faible gouvernance et d’une productivité insuffisante.

Le secteur privé, a noté le Souverain, « attire les meilleurs cadres formés dans notre pays, lesquels participent aujourd’hui à la gestion des plus grandes compagnies internationales installées au Maroc, et administrent les petites et les moyennes entreprises nationales », en revanche, les fonctionnaires publics, pour la plupart d’entre eux, manquent de compétences et d’ambition et n’ont pas toujours des motivations liées au sens des responsabilités, liées à leur mission.

« Mieux encore, certains d’entre eux pratiquent l’absentéisme, se satisfaisant d’un traitement mensuel sûr, pour modique qu’il est, ne manifestant aucune ardeur au travail et ne nourrissant aucune ambition professionnelle », a déploré le Souverain, précisant que l’un des problèmes qui « entravent aussi le progrès du Maroc, réside dans la faiblesse de l’Administration publique, en termes de gouvernance, d’efficience ou de qualité des prestations offertes aux citoyens ».

Dans ce sens, le Roi a cité à titre d’exemple, les Centres régionaux d’Investissement, qui « si l’on en excepte un ou deux, constituent un problème et un frein au processus d’investissement : ils ne jouent pas leur rôle de mécanisme incitatif ; eux qui ont, en principe, vocation à régler les problèmes qui se posent régionalement aux investisseurs, à leur épargner le besoin de se déplacer auprès de l’Administration centrale ». Ce dysfonctionnement accentue les difficultés de certaines régions qui ont un grand déficit en installations et en prestations sanitaires, éducatives et culturelles, ainsi qu’en opportunités d’emploi, a encore expliqué le Souverain, mettant l’accent sur la nécessité de recourir à une mutualisation accrue des efforts en vue de permettre à ces régions de rattraper le retard accumulé, de combler le manque existant et, in fine, de s’arrimer au train du développement.

En revanche, on constate que les régions qui connaissent une activité intense du secteur privé comme Casablanca, Rabat, Marrakech et Tanger, vivent au rythme d’un dynamisme économique fort, générateur de richesse et d’emplois.

Pour mettre fin à ces dysfonctionnements, a insisté le Souverain, il appartient donc au gouverneur et au caïd, au directeur et au fonctionnaire, ainsi qu’au responsable communal, etc., d’adopter les méthodes actives de travail et les objectifs ambitieux des cadres du secteur privé.

«Mus par le sens des responsabilités, ils doivent faire honneur à l’Administration, et aboutir à des résultats concrets. Car, en définitive, leur responsabilité est de veiller sur les intérêts des gens », a insisté SM le Roi.

Le Souverain a en outre souligné que les « projets de développement, les réformes politiques et institutionnelles que Nous menons poursuivent un seul objectif : servir le citoyen, là où il vit dans notre pays, sans distinction entre le nord et le sud, l’est et l’ouest, ni entre citadins et ruraux ».

Certes, les moyens dont dispose le Maroc sont limités. Et il est vrai que de nombreuses régions ont un besoin accru en services sociaux de base, a souligné SM le Roi.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite