Migrants « violeurs », « voleurs »: enquête ouverte contre Eric Zemmour

Après une cascades de réactions et l’annonce de plusieurs plaintes, le parquet de Paris a décidé d’ouvrir une enquête notamment pour « provocation à la haine raciale » contre le polémiste Eric Zemmour qui a qualifié « tous » les mineurs migrants de « voleurs », « assassins » et « violeurs ».

Cette nouvelle enquête, également ouverte pour « injures publiques à caractère raciste », est ouverte une semaine après la condamnation de M. Zemmour à 10.000 euros d’amende pour les mêmes motifs. Elle a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne, a précisé le parquet.

Mercredi soir, dans un débat sur la chaine CNews consacré à la question des mineurs isolés après l’attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, Eric Zemmour a déclaré: « Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu’ils viennent ».

« Chroniquer à la télé c’est informer, participer au débat démocratique, ça n’est pas répandre la haine et le racisme. Tous les chroniqueurs ne se comportent pas de cette façon comme tous les mineurs étrangers ne sont pas des voleurs ! », a réagi sur Twitter le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti.

 

Avant lui, Elisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de la Diversité et de l’Egalité des chances, avait, aussi sur Twitter, qualifié d' »abjects et racistes » les propos d’Eric Zemmour.

La ministre avait également demandé au Délégué interministériel à la lutte contre le racisme l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) de saisir la justice.

Interrogé par l’AFP ce dernier, Frédéric Potier, s’est dit « stupéfait par les déclarations de M. Zemmour qui réitère des propos racistes et qui tendent à la généralisation », mais a également pointé CNews du doigt.

« Les responsabilités sont aussi partagées par la chaîne, ce n’est pas la première fois que Zemmour dérape, on ne le lâchera pas », a-t-il ajouté.

CNews déjà mise en demeure

CNews ayant déjà été mise en demeure pour des faits similaires, les saisines relatives à la séquence de mercredi étaient transmises à un rapporteur indépendant.

C’est ce dernier qui décidera « d’engager des poursuites et, le cas échéant, d’instruire la procédure de sanction et de soumettre ses propositions au CSA. Le Conseil, après audition, se prononcera alors sur une éventuelle sanction », a précisé le CSA.

Les associations SOS Racisme, la Licra et la Maison des Potes ont annoncé jeudi leur intention de porter plainte.

La Maison des Potes dénonce dans un communiqué des propos qui « ciblent une communauté de migrants », qui doit « être protégée » comme « tout autre communauté ».

Le 25 septembre, le parquet de Paris avait obtenu la condamnation d’Eric Zemmour à 10.000 euros d’amende pour injure et provocation à la haine, cette fois pour une diatribe sur l’islam et l’immigration lors d’un rassemblement politique un an plus tôt et diffusée en direct sur LCI.

Le polémiste a été embauché par CNews comme chroniqueur quotidien en octobre 2019, et y multiplie les diatribes.

« Son objectif, celui de ses soutiens et de son employeur est d’extrêmiser le débat et de faire passer pour des opinions acceptables des opinions naguère innommables », déplore le président de SOS Racisme, Dominique Sopo. Qui demande au CSA d’étudier « la responsabilité de CNews, chaîne qui, pour des raisons mercantiles et potentiellement idéologiques, a choisi de mettre à disposition d’un ultra raciste un espace quasi quotidien de déversement de haine ».

L’émission étant diffusée en différé, la responsabilité de la chaîne, qui aurait pu couper le passage concerné, est engagée, a relevé un acteur du dossier.

Alors que les appels au boycott de la chaîne se multiplient, la Société des rédacteurs (SDR) de CNews a condamné jeudi ces propos « avec la plus grande fermeté ».

« Nous n’avons pas à payer pour les propos d’Éric Zemmour », ont déploré les journalistes.

La SDJ du Figaro, auquel contribue aussi M. Zemmour, a elle aussi condamné ses propos, qui « entachent déjà la réputation » du quotidien.

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